Le journaliste
Revenons sur les premiers temps, vous appreniez le suicide d'une de vos employées. Et alors il y a un mail qui annonce à l'ensemble de vos employés sur le site de Sophia Antipolis, sa disparition, pour plusieurs raisons liées à sa vie personnelle et professionnelle.
Vous lâchez le "et professionnelle".
M. Lignières
Oui, vous savez pourquoi ? Parce qu'un mail disait "professionnelle" seulement. Donc ce qu'il faut voir dans ce mail c'est que j'ai rajouté "personnelle" c'est-à-dire qu'il venait après l'autre.
En d'autres termes, si vous voulez, ne vous trompez pas, parce que ça, c'est la base de l'argumentation de certains nombres de gens que je connais bien, hein ?, faut pas vous y tromper :
Qu'est-ce qui c'est passé ?
Il y a eu la publication... d'abord, il y a eu les lettres dont j'ai pris connaissance très vite avant qu'elles ne soient publiées par la déléguée syndicale, hein ?
La déléguée syndicale les a publiées le jour-même si mes souvenirs sont bons. A partir de ce moment-là où on était mis en cause de façon extrèmement grave, en tant que responsable d'entreprise j'étais obligé de dire quelque chose. Et ce que j'ai dit, je n'ai pas dit que c'était professionnel. A partir du moment où quelqu'un avait dit : "PROFESSIONNEL" avec des grandes lettres partout, oui, moi j'ai dit personnel et professionnel. Oui. C'est ça. Alors effectivement, quand on a oublié l'enchaînement des choses et l'histoire, on peut dire : "Il reconnait que c'est professionnel". Non.
Je ne reconnais pas. Et même à ce moment-là je ne reconnaissais pas. C'est-à-dire que deux jours après j'étais bien incapable de reconnaître quoi que ce soit. Ce qui fait que on a décidé, extrèmement rapidement, de faire faire effectivement un audit. Pourquoi ? Parce que il y a quand même 1600 personnes qui travailent dans ces locaux, je ne peux pas être certain qu'à un instant donné... c'est ça... et je pense que n'importe qui basiquement honnête ferait la même chose, d'accord ?
Donc on a mandaté, si vous voulez, quelqu'un. On a cherché, qu'est-ce qu'on a cherché. Les cabinets de conseil spécialisé en harcèlement ? Si vous voulez, y a pas mal de gens qui se font des sous avec, je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit. Donc, finalement, on a préféré prendre contact avec la médecine du travail et on a pris contact avec quelqu'un qui est très très spécialisé, je dirais, dans ce domaine qu'est le professeur Loriot du CHU de Montpellier. Point. Lui nous a envoyé quelqu'un pour effectivement faire un audit, je dirais, en profondeur du service dans lequel travaillait Mme Binet et de telle sorte qu'on pouvait être certain qu'il c'était ou ne c'était pas passé quelque chose dans ce service.
Les conclusions sont extrèmement nettes, c'est-à-dire qu'en aucun cas, il ne peut être fait état de harcèlement moral.
En aucun cas.
Le journaliste
Vous le qualifierez comment, vous, ce concept pour le moins....
M. Lignières
Je vous invite à aller suivre des séances d'information ! Alors là.. je ne définis pas... c'est défini par des juristes et par des médecins. Moi je ne suis ni juriste ni médecin...
Le journaliste
et des textes de loi aussi.
M. Lignières
et des textes de loi. Voilà.
Donc c'est défini, c'est parfaitement défini. A partir du moment où si vous voulez, ce sont des gens dont c'est le métier - parce que ce n'est pas mon métier - me disent qu'il n'y en a pas et bien je pense qu'il n'y en a pas.