Je suis une femme de 43 ans vivant dans le sud de la France.
Je voudrais vous faire part des problèmes que j'ai rencontrés dans mon ancien travail.
Reconnue travailleur handicapée, en 2000 je suis rentrée dans un cabinet d'assurance sous contrat de qualification adulte comme secrétaire commerciale. Tout ce passait bien : le patron était content de moi, je faisais toute la partie secrétariat, accueil du client, renseignements téléphoniques, prospection téléphonique.
Je devais avoir de la part de mon employeur une formation de vente. Avec l'accord de mon patron et sous l'insistance de son associé, je pouvais aller en clientèle faire de la vente ce que j'appréciais beaucoup.
Nous étions 3 femmes (2 plus jeunes que moi dont une aussi sous contrat de qualification).
Mon patron m'avais promis des commission sur les vente que je faisais àl'extérieur, ainsi qu'à la jeune fille que je devais former en vente.
A cette époque je travaillais facilement 45 et parfois 50 heures par semaine, puisque j'étais autorisée à aller en clientèle en dehors des heures de bureau parfois pendant les heures de travail. Il m'est arrivé de rentrer plusieurs fois à 22 h ou 23 heures (clientèle oblige).
Je faisais des ventes et le patron était satisfait de mes services donc tout naturellement je m'attendais à avoir des commissions sur les ventes.
J'ai fait cela plusieurs mois, et j'ai fini par comprendre que jamais je ne toucherais un centime de prime !
De plus il nous imposait un quota de vente à faire avec des objectifs bien définis, nous promettant tant de primes pour tant de contrats signés, mettant la barre de plus en plus haute
(son but : qu'on n'atteigne jamais les objectifs)
Au bout de 6 mois, j'ai décidé de ne plus aller en clientèle puisque je n'avais aucun retour. Je me contentais de faire mes heures au bureau avec une grosse part de phonning.
Le fait que je n'aille plus en clientèle n'a pas plu à mon patron et c'est là que j'ai commencé à avoir des remarque désobligeantes, des insultes.
J'ai eu un gros problème d'audition (perte d'audition due aux heures passées au téléphone), visite à la médecine du travail, restriction de phonning (pas plus de 3 heures par jours) alors que j'en faisais pratiquement 6 à 8 par jour.
Cela n'a pas plu à mon employeur
"de quel droit je m'étais permis d'aller à la médecine du travail!!!"
Een plus de cela mon handicap, après décision de la Cotorep, est passé de catégorie A avec 10 % d'incapacité à la catégorie B avec 30 % (à cause des problèmes auditifs)
Mon patron n'a pas apprécié et là le harcèlement a vraiment commencé :
Insultes du style
"vous me faites chi....",
"je veux plus vous voir ici"
" vous n'avais plus le droit de toucher aux ordinateurs, de recevoir les clients, d'appeler les compagnies d'assurances"
" vous ne faites que du phonning",
"vous étiez en tort quand vous alliez en clientèle car vous n'avez pas la carte professionnelle" (qu'il m'avait promis entre parenthèse),
" vous travaillez mal" etc
Il a voulu me faire signer une rupture de contrat de mon fait, ce que j'ai refusé (après m'être renseignée auprès de la DDTE). Le jour où j'ai refusé, je me suis fait incendier, d'une part parce j'avais eu le culot d'aller à la DDT et surtout que j'avais compris qu'en signant ce papier je me mettais en tort. Je ne lui faisais pas confiance !
Ce jour là, j'ai eu droit aux insultes et j'ai bien cru que cela en arriverait aux mains. J'ai réussi à garder mon calme pour ne pas me mettre en faute. Je n'en pouvais plus de travailler dans ces conditions.
J'ai été plus d'un mois en arrêt de
travail (accident du travail chute). Quand je suis revenue, il m'a mise
le jour même en congé pendant un mois.
ses mots : "je ne veux plus vous voir ici ! "
De retour de congés, personne dans l'entreprise. Je restais des fois 3 heures devant la porte fermée ("monsieur" n'était pas à ma disposition pour venir m'ouvrir, et quand j'étais dans l'entreprise, je n'avais le droit que de faire du phonning ( je n'en faisais pas plus de trois heures et le reste du temps je ne faisais rien)
J'étais passer aux 35 heures mais c'est long à ne rien faire !
Je ne le voyais pratiquement plus et les rares fois qu'on se croisait, il m'adressait à peine la parole juste un furtif "bonjour" et encore !
J'ai tenu environ 3 mois comme cela. Je ne sais pas comment d'ailleurs, le seul fait de me lever pour aller bosser me donnait la nausée. J'en étais malade depuis plusieurs mois, j'étais dépressive à cause de mon travail (de mon employeur).
J'ai contacté la DDT, la médecine du travail, l'Agefiph (qui avait versé une prime à l'embauche à mon employeur). Je leur ai, pendant plusieurs mois, relaté mes problèmes. Personne n'a voulu bouger : ce n'était pas de leur ressort. La DDT m'a juste proposé un banal contrôle mais ne pouvait rien faire d'autre.
Même son associé ne voulait rien faire (il ne pouvait pas car il n'était pas en règle avec une certaine administration et avait peur que mon patron le dénonce s'il prenait mon parti )
En plus de tout cela, j'avais droit aussi a du harcèlement sexuel (surtout au début). Il m'appelait pour me montrer quelque chose sur l'ordinateur et c'était des photos pornographiques. D'ailleurs il l'a fait à mes collègues aussi, j'avais droit à des réflexions comme
"mettez vous en mini jupe et porte jartelle pour que je puisse mater",
Un jour où son associé était dans le bureau, il m'a dit que si je restais là, ils me prendraient en sandwinch (je suis rester tellement bête ce jour là que je n'ai même pas répliqué !)
J'ai pris son associé à part et lui ai dit que je n'appréciais pas du tout ce genre de réflexion et lui ai demandé de faire quelque chose pour que mon patron cesse ce comportement. Ce qui n'a rien donné.
Enfin j'ai réussi à partir de la boite, j'ai trouvé un autre travail et du jour au lendemain, je suis partie.
J'ai envoyé une lettre de rupture de contrat au torts de l'employeur pour "non respect du contrat de qualification" (pas de formation de la part de l'employeur et harcèlement moral ) et depuis je suis en procédure judiciaire.
Le plus "drôle" dans tout ceci c'est que d'après mon avocat, je ne peux faire jouer véritablement que le "non respect du contrat de travail" (pas de formation interne) et démarchage auprès de clients : j'ai des attestations de clients stipulant que je les ai démarchés à leur domicile et vendu des contrats d'assurance, de leur satisfaction à propos de mes services.
A savoir aussi que les deux jeunes filles sont parties avant moi, une qui aété contrainte de démissionner car enceinte (je l'ai su par la suite mon employeur lui a demandé de signer une rupture de contrat) et l'autre jeune fille qui faisait du phoning, elle est partie tout simplement car elle n'avait pas de contrat (elle était payée aux ventes réalisées sur ses rendez vous (pas de fixe )
Je ne sais pas ce que vous pensez de tout cela, mais j'aimerais bien que ce témoignage serve à quelqu'un.
Ne pas se laisser faire surtout, ne jamais signer quoi que ce soit, J'espère en tout cas que certaines administrations vont bouger un peu plus comme par exemple la DDT qui ne se mouille pas !! Comme la médecine du travail qui ne propose pas vraiment d'aide, les médecins vous comprennent mais c'est tout.
Il faut savoir et avoir le courage de se battre seul.
Un seul conseil : laisser des traces écrites, des photocopies de lettres envoyées aux administrations comme la DDT où vous expliquez ce qui vous arrive...
Aforce cela les fera peut être bouger.
Faites faire des attestations par vos collègues qui peuvent témoigner, garder les ordonnances des médecins (celles où sont prescrits par exemple les antidépresseurs), les certificats d'arrêt de travail.
Blinder vous pour être le plus fort
Courage à tous et bisous à tous
Elyne