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Témoignage d'une femme

(fonction publique)

Un long témoignage

75 % des harceleurs sont des hommes et 75 % des victimes sont des femmes.

Ici c'est une femme qui harcèle une autre femme.

mon surnom est la Licorne (anciennement Libellule)

Voici en résumé ce que je vis depuis septembre 1999.

Je travaille dans un lycée. L'établissement est assez récent et le nombre d'élève n'excède jamais 420 environ. Il y a une soixantaine de professeurs et une douzaine d'agents d'entretien sans compter les C.E.S.
Mon harceleur est une femme de 40 ans comme moi. Elle est la gestionnaire de l'établissement, responsable du service intendance (cadre A). Je suis la secrétaire de l'Intendance (cadre B) et je suis la seule secrétaire en titre, les autres étant des CES ou des CEC.
Le supérieur de cette gestionnaire - qui lui a donné raison contre moi accentuant ainsi le harcèlement lui laissant carte blanche - est le proviseur (directeur), un homme de 54 ans (cadre A).
Dans cet établissement il y a deux Conseillers Principaux d'Education (toujours cadre A) mais ils sont mal vus à la fois par la direction et par les professeurs (cadre A).


Ma période de CES

J'étais C.E.S au lycée où je suis toujours rattachée actuellement. Je suis partie en pleurs parce que j'aimais beaucoup ce lycée mais j'étais victime d'une profonde mésentente entre l'intendance représentée par une secrétaire d'administration (cadre B) et un gestionnaire-comptable (cadre A) et la vie scolaire représentée par la CPE d'origine maghrébine qui était ma chef. Je l'aimais beaucoup et elle me le rendait bien. Mon contrat a connu beaucoup de difficultés à être renouvelé.

La CPE est intervenue. Rien n'y fit. Le Proviseur a dû imposer mon renouvellement à la secrétaire, du moins c'est ce qu'il me faisait croire. Une première fois. Une deuxième fois, c'est allé plus loin. Le Proviseur a dû à nouveau rentrer en conflit pour moi avec l'intendance pour que mon contrat soit renouvelé mais il en avait marre des histoires. Je me suis retrouvée au chômage en mars 1998.

En avril de la même année, j'étais admissible à l'oral du concours de SASU (secrétaire) à ma grande surprise (je n'avais pas préparé ni l'écrit, ni l'oral) et celui d'adjoint administratif dont les cours du CNED m'avaient été payés par le lycée (subventionnés par le CNASEA) comble de l'ironie !

J'ai réussi les deux concours et j'ai été nommée gestionnaire (cadre B) dans un collège entourée d'H.L.M. en ZEP (zone d'éducation prioritaire) dans un quartier très urbain et défavorisé de la ville, à 3/4 d'heure en voiture de chez moi. Je me suis retrouvée à la fois directeur financier, du personnel, responsable de l'hygiène et de la sécurité.
Je devais me rendre deux fois par semaine à 50 km de chez moi en stage et je devais faire le travail sur deux jours et demi d'une gestionnaire expérimentée ce qui n'était pas mon cas, n'y connaissant rien à l'intendance. Cela a duré 4 mois. Mon agent comptable est tombée presque aussitôt malade et mon tuteur a dû plus ou moins la remplacer. Je partais à 7h00 de matin de chez moi pour y revenir vers 19h00.
J'ai compris que ma vie de famille n'y survivrait pas et j'ai tout fait pour demander ma mutation. Le hasard a fait que le poste de la SASU de mon ancien lycée se retrouvait vacant à la rentrée 1999 parce que la personne partait à la retraite. La coïncidence était trop forte. Je me sentais "appelée" par ce lycée (verdoyant où coule une rivière) que j'aimais tant, à 5 mn de chez moi. J'ai donc marqué en 1er vœu ce lycée.

Lorsque j'ai su que j'avais obtenu satisfaction, j'ai été à la fois soulagée et vaguement inquiète. Mais l'agent-comptable étant muté et la SASU à la retraite, j'étais contente de retrouver les collègues que j'aimais bien.

 

Présentation à ma nouvelle gestionnaire

Je me suis présentée en juin 1999 afin de rencontrer ma future supérieure hiérarchique qui était gestionnaire de collège dans la banlieue parisienne.
J'étais moi aussi encore gestionnaire de collège mais j'allais devenir sa secrétaire.
Son attitude frôla l'impolitesse. Sa froideur m'a mise très mal à l'aise. J'essayai de la questionner sur son collège en tant que collègue pour rompre la glace. Rien n'y fit. Elle répondait à peine et si je me taisais, elle m'ignorait complètement.
Nous avons fait le tour des ateliers. Au fur et à mesure que nous nous déplacions, le proviseur, l'agent comptable (avec qui je m'étais réconciliée quelques jours auparavant) le chef des travaux et ma future chef, nous rencontrions des agents, des professeurs, du personnel administratif, éducatif…

Tout le monde venait me féliciter pour ma réussite et me souhaitait la bienvenue. Je rentrais chez moi et tout le monde m'exprimait leur joie de ces retrouvailles. Nous avons monté quelques marches pour accéder au 1er étage. Je me trouvais derrière la nouvelle gestionnaire. J'ai croisé un autre professeur qui m'a embrassée, très enthousiasmé par mon retour.
La gestionnaire s'est retournée, quelques marches plus haut, et m'a lancé un regard où j'ai pu lire sa désagréable surprise devant ma popularité. Je crois que si ses yeux avaient été des pistolets, je n'aurais pas donné cher de ma peau !


L'angoisse m'a envahie et je n'ai pas assisté à l'apéritif donné en son honneur, préférant fuir.
J'ai regretté d'avoir demandé ma mutation pour ce lycée mais je ne pouvais pas prévoir.


Cependant, ayant l'esprit ouvert, je n'ai pas voulu rester sur une première et mauvaise impression. J'ai pensé qu'elle ne se sentait pas à la hauteur et qu'elle-même devait être très angoissée devant l'énormité du travail et des responsabilités qui l'attendaient. Finalement, je pense que je ne me trompais qu'en partie.
En septembre, les choses ont évolué mais j'ai vite compris qu'il me fallait prendre mes distances et qu'elle ne serait jamais une copine ni moi sa collaboratrice. Je devais me faire une raison et ne pas l'investir du point de vue affectif.

 

Horaires de septembre 1999

Nous avons discuté de mes nouveaux horaires. Elle me demandait mon avis. Je n'en revenais pas mais j'ai vite compris que ce n'était que par pure respect des formes. Elle n'en tint jamais compte mais n'a jamais cessé de me le demander pour ne jamais me satisfaire. Depuis que j'ai compris cela, je me retranche derrière les textes (la réglementation). Je lui ai expliqué que mon fils était en institut de rééducation (c'était la principale raison de ma demande de changement de poste et d'établissement) et que deux fois par semaine, je voulais le récupérer à l'école à 16h30. Elle me fit des horaires contraires à mes vœux et je ne pus aller chercher mon fils qu'une fois par semaine. Je commençais à 8h45 mais j'arrivais à 8h30 et je finissais à 17h00.

1er sujet de désaccord :

Bourses déductibles frais de demi-pension

Un premier différend nous a opposées, elle et moi. Elle exigeait des familles d'élèves à la fois boursiers et demi-pensionnaires le paiement de la demi-pension alors que le montant total des bourses et des primes suffisaient largement à couvrir ces frais. Elle s'est entêtée. Je lui ai dit que le lycée A. procédait comme je le suggérais (au niveau des calculs) mais elle me répondit :


"pour parler poliment, j'en ai rien à faire de ce que fait le lycée A. Je veux les textes, trouvez-les !"


Je n'avais pas le temps de faire ces recherches vu tout le travail qu'elle m'avait chargé de faire et vu que je débutais, pour chercher au centre de documentation (CDI ) ni savais comment chercher. De plus, j'estimais qu'on pouvait faire confiance aux collègues, c'était courant qu'on s'entraide au lieu de chercher des textes et leur interprétation.
J'ai fini par m'adresser à l'Inspection académique par fax mais la responsable du service n'en savait pas plus et la réponse a tardé. Entre temps bon nombre de familles avait payé des sommes importantes alors que les années précédentes de telles sommes ne leur avaient pas été réclamées. Pour preuve, il y a eu énormément de trop-perçu à la fin du trimestre. La réponse de l'I.A. m'a donné raison. Mais ma chef n'a pas supporté ma persévérance à "protéger" les élèves contre elle.
En effet, apparemment dans son esprit, si je n'étais pas d'accord avec elle, si je n'obéissais pas aveuglément sans poser de questions, cela signifiait que j'étais contre elle.

 

Deux heures de travail en plus par semaine

Au bout de 3 semaines, elle m'a demandé de faire deux heures de plus pour soit-disant harmoniser les services. J'ai dû rentrer plus tard laissant mon fils pendant une heure le soir, tout seul. J'ai tenté de dialoguer, j'ai plaidé ma cause, je lui ai parlé de mon fils cadet en institut, de mon fils aîné suivi par un psychiatre, de mon mari cardiaque… Rien n'y fit. Elle m'écouta poliment mais s'en tint à ce qu'elle avait décidé.


"c'est la loi les 39 heures ! "


En désespoir de cause, je la regardai droit dans les yeux et je lui dis que je venais d'être malade, que j'étais venue quand même avec une gastro-entérite par conscience professionnelle et que puisqu'elle me disait que c'était la loi, je lui rétorquai que la prochaine fois que je serais malade je n'hésiterai pas à me mettre en arrêt maladie là aussi c'était la loi.

 

Réflexions humiliantes sur mon état de santé

Le surlendemain, après deux nuits d'insomnie, je tombais malade : sinusite. Le médecin m'a donc prescrit un arrêt de travail. Lorsque j'ai repris, elle m'a lancé plusieurs réflexions désagréables et ironiques sur mon état de santé pendant plusieurs jours, alors que je parlais à mes collègues.
L'infirmière du lycée me faisait des piqûres tous les 15 jours pour stimuler mes défenses immunitaires et je prenais régulièrement du magnésium et du calcium. Elle n'a pu s'empêcher de me faire la remarque devant les CES :

" et bien avec tout ce que vous faites en prévention, qu'est-ce que ce serait si vous ne faisiez rien vu que vous êtes tombée malade ! "


Elle doutait de ma maladie et m'en voulait terriblement.

 

Classeur approprié par ma chef pendant mon absence sans m'en avertir

Lorsque j'ai cherché mon gros classeur blanc dans lequel se trouvait l'emploi du temps de certains élèves que je voulais convoquer à l'intendance, je ne l'ai pas trouvé.
J'ai demandé à mes collèges où il pouvait bien se trouver. La gestionnaire m'entendit mais ne répondit pas. J'ai cherché partout sans résultat.

Finalement, il s'est avéré au bout de plusieurs jours de recherches que c'était la gestionnaire, qui avait "emprunté" ad vitam eternam mon classeur pendant mon arrêt de travail. Elle avait enlevé mes documents et mis les siens à la place.

Elle se l'était appropriée et me disait que c'était normal puisqu'il n'y avait plus de classeurs en réserve et qu'elle ne pouvait en commander avant le prochain budget (il n'y avait plus d'argent dans le compte des fournitures administratives). Devant mon air stupéfait elle renchérit qu'elle était prioritaire puisqu'elle était mon supérieur. Je n'avais le droit que de me taire.
Même si je ne tenais pas particulièrement à ce classeur, j'estimais qu'elle aurait pu m'avertir au lieu de me laisser chercher pendant plusieurs jours et m'informer du lieu où elle avait rangé mes documents nécessaires à mon travail ! J'avais à cause d'elle perdu du temps et le temps en période de rentrée scolaire est précieux.

 

Elle me demande de faire deux choses en même temps

Un après-midi, alors que je travaillais sur le calcul des frais de la cantine, et que j'étais sérieusement débordée, elle me reprocha de ne pas avoir encore traité les remboursements de frais de stage. L'année scolaire précédente, c'était une autre CES qui s'en chargeait. La CES voulait continuer car elle connaissait bien ce travail. Mais la gestionnaire insistait pour que cette tâche me soit désormais confiée en plus de tout ce que je faisais. Je ne savais pas le faire et manquais de documentations (textes réglementaires) sur le sujet, le nouveau comptable étant très pointilleux sur le sujet. Elle s'énerva après moi parce que je n'avais pas encore traité une seule demande de remboursement.


Alors, je m'arrêtai de travailler et la regardant tranquillement (je bouillais intérieurement parce que je prenais rarement le temps de boire le thé, encore moins celui de discuter, je n'arrêtais pas de travaillais du matin au soir ne prenait consciencieusement qu'une demi-heure pour déjeuner).

Je lui dis :

" si vous voulez, je m'arrête de faire le calcul de frais de cantine pour m'occuper des frais de stages. Si vous estimez que les frais de stage sont plus urgent, je ferai ce que vous me direz ".


Il me semblait que le plus urgent était le calcul des frais de cantine et le paiement des bourses. Alors elle me lança furieuse

 

"tout urge !"

Je lui répondis avec calme et avec un humour qu'elle fut loin d'apprécier, s'attendant sans doute à ce que j'explose de colère (sa remarque étant injuste) :


"Vous me demandez de faire deux choses en même temps. Mais je ne suis pas Dieu ! Je ne peux pas faire deux choses en même temps !"

Elle battit en retraite, sans doute pour notifier par écrit mon incapacité.

 

Questions professionnelles sans réponse

Je lui posais souvent des questions car je n'avais jamais travaillé dans un lycée professionnel et il y avait beaucoup de choses que j'ignorais. Je ne pouvais pas, n'étant plus gestionnaire, prendre de décisions. Je lui en référais pour qu'elle me conseille. Je me suis heurtée je ne sais combien de fois à un silence impressionnant ou alors à un "je n'ai pas le temps de vous répondre" quelquefois dans un soupir : "je ne sais pas".

 

La lumière

J'étais entrée dans mon bureau que je partageais avec deux CES. Ce bureau est attenant à celui de la gestionnaire. Je rentrai et je demandai à ma collègue si je devais allumer ou pas car j'estimais qu'il faisait assez jour pour qu'on se passe de la lumière artificielle. Ma collègue m'a répondu qu'elle était d'accord aussi je n'ai pas allumé. Ma chef est sortie de son bureau pour entrer dans le nôtre alors que je m'installais et, sans rien dire, a allumé la lumière puis est retourné dans le sien. J'étais tellement surprise de cette attitude que j'ai regardé ma collègue mais nous n'avons rien dit. Pourquoi faire ?

 

Les posters

J'ai rapporté des photos de coucher de soleil que j'avais prises et faites agrandir. J'ai demandé aux collègues d'en choisir trois et je les ai mises sur le mur en face de moi. C'était assez esthétique. Ma chef est venue quelques temps après avec un grand poster d'un style psychédélique, tout barbouillé de couleurs crues ayant pour thème " le sida " et a demandé à une CES de l'épingler au mur en plein milieu de mes couchers de soleil.
Ma chef m'a regardé avec un air qui me narguait et a dit :

" y a pas de raison qu'elle soit la seule à mettre des posters au mur ! "

Comme si mes photos l'avaient agressées !
Je ne me serais jamais permise d'accrocher des photos ou des posters dans son bureau à elle et je ne comprenais pas pourquoi elle en mettait dans le mien sans me demander mon avis si ce n'est pour me narguer. J'ai essayé de lui dire que l'affiche serait mieux soit derrière moi soit derrière la porte pour être à la vue de tous les élèves puisque ça les concernait. J'en ai même parlé à l'infirmière puisque ce poster était à elle mais en fait rien n'y fit. Je ne sais plus ce qui s'est passé par la suite, ça remonte à deux ans en arrière et j'ai l'impression qu'il y a 20 ans.

 

 

Stages de fin d'années

Elle m'en voulut beaucoup de participer à trois stages auxquels je m'étais inscrite au mois de juin et que le proviseur avait acceptés. Mais c'était mon droit et j'avais un ordre de mission du recteur.
Elle me convoqua et commença par me dire que sans doute je n'avais pas droit à tous ces stages et qu'elle allait se renseigner là-dessus demandant même quelques semaines plus tard le récapitulatif de mes stages afin de voir si j'en avais pas trop fait.
Par malchance, ces trois stages - très intéressants pour ma carrière professionnel - ont été programmé fin novembre début décembre les uns à la suite des autres.

Les calculs des frais de cantine et les bourses n'étaient pas terminés. J'étais moi-même embêtée. Je m'étais engagée moralement comme l'année précédente lorsque j'étais gestionnaire à ce que les élèves touchent le montant de leurs bourses avant Noël.
Un de mes stages se passant à un quart d'heure de voiture du lycée, je décidais à 16h00, le stage ayant fini plus tôt, de revenir travailler alors que je pouvais rentrer chez moi. Je revins donc au lycée et me remis au travail sur les demi-pensions et les bourses. Un élève vint demander où en était le remboursement de son stage. La gestionnaire me désigna comme l'unique responsable du retard sur un ton très sec et dégradant. En fait elle m'humilia devant l'élève et j'ai trouvé ça très dur !
Je me suis demandée pourquoi j'étais revenue travailler puisqu'au lieu d'entendre des encouragements, j'étais ouvertement humiliée. Ma conscience professionnelle m'empêcha de regretter mon geste et je le recommençais le lendemain, n'hésitant pas à faire du travail en dehors de mes heures.

 

Demande de Temps partiel

Fin octobre, je demandais mon temps partiel. Elle s'y opposa farouchement inventant des boursiers qui n'existaient pas pour justifier son refus (je m'occupais de 170 boursiers, du jour au lendemain, d'après ses chiffres, il y en avait 300 !). Elle alla jusqu'à écrire que l'institut venait chercher mon fils à la sortie de l'école. C'était faux puisque mon fils devait rentrer seul à pied chez nous et attendait le bus de l'institut pendant parfois 3/4 d'heure le soir et deux heures le mercredi matin.

 

Permanences discriminatoires

Elle me demanda de faire des permanences. Quelques jours avant les vacances de Toussaint, elle profita de ma présence dans son bureau (j'étais en train de faire du classement et je lui tournais le dos) elle me dit d'un ton sec : "vous ferez des permanences à la Toussaint !" Devant mon air ahuri puisque dans ce lycée, il n'y avait jamais eu de permanences administratives, elle me rétorqua :"vous savez qu'il y a des permanences à faire ! J'eu beau lui faire remarquer que personne n'en faisait, qu'elle m'avertissait trop tard pour que je puisse prendre mes dispositions pour faire garder mes enfants, elle n'en démordait pas. puis elle ajouta :

"Si je viens, vous viendrez !"

C'était sans appel et tellement injuste. Allais-je être la seule dans tout l'établissement à faire des permanences dans ce lycée ? J'allais trouver le Proviseur, chef d'établissement, qui me confirma qu'il n'y avait pas de permanences dans le lycée. Je ne devais pas m'inquiéter. Il me rassura. Mais ma chef ne s'en tint pas pour autant battue. Elle me lança toujours devant les C.E.S. de l'Intendance :

"Puisque ça vous dérange tant de faire des permanences à la Toussaint, vous ferez trois jours à Noël ! et vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenue suffisamment à l'avance !"


Je croisais le proviseur et lui dis que j'allais faire 3 jours à Noël. Il me répondit qu'il venait de l'apprendre et m'exprimer ses regrets ! Je fus la seule personne de l'établissement à faire des permanences pendant toutes les petites vacances scolaires cette année-là !

 

 

L'attitude du directeur - politique de l'autruche puis menaces

Par la suite il n'a pas arrêté de me dire qu'il ne voulait pas d'histoires, pas de vagues et que s'il vérifiait ce que son adjoint faisait, il ferait à la fois son travail, plus le sien et ça, il refusait de le faire. En fait, il ne voulait plus me défendre ni désavouer son adjoint et par la suite, mon attitude défensive lui fit perdre pied et il alla dans le sens de la gestionnaire dans l'espoir que je demande ma mutation. Il voulait juste se débarrasser de moi !
Dans divers rapports, il écrivait des choses encore plus horribles sur moi que ne l'avait fait la gestionnaire. Le 14 décembre 2000, il écrivit au rectorat pour demander qu'un contrôle d'aptitude à l'emploi soit effectué sur moi sous entendant que mon esprit était dérangé.
Le 21 décembre 2000, il me menaça par écrit " des foudres les plus terribles " (voir lettre plus loin)
Le 14 mars 2001 il m'accusa dans un rapport au rectorat " d'attiser des rivalités entre CES, incitant les animosités des unes des autres contre la gestionnaire ".
" je suis désormais au regret de croire profondément que Madame XXX est habitée avant tout d'un désir malsain de revanche vis à vis d'un établissement qui l'avait précédemment accueillie en qualité de Contrat Emploi Solidarité…. "
Il n'hésita pas à m'accuser de harceler par l'abondance de mes écrits la gestionnaire !
" outre le préjudice subi par l'établissement, cette forme de harcèlement dont la prose que madame XXX croit utile de m'inonder sans cesse ne fournit qu'un pâle reflet, est devenu intolérable ".
La forme utilisée par le proviseur s'éloigne du style administratif rigoureux. On croirait lire une métaphore. Pourtant il me reprocha dans un rapport daté du 14 décembre d'utiliser un style non administratif. Il n'était pas à une contradiction près. " ces missives dont la forme s'éloigne quelquefois de la rigueur attendue dans la correspondance professionnelle… "
C'est clair que je m'éloignais d'un style rigoureux puisque je n'arrêtais pas de lancer des appels au secours !
Il n'hésita pas - pour me faire taire - à s'emporta contre moi en criant et en s'énervant en conseil d'administration devant les membres gênés alors que je conservais mon calme et n'avais pas été irrespectueuse.

Il me menaça même un jour de m'interdire l'accès à la restauration si je continuais… Au dernier conseil d'administration, devant le ton qu'il employait vis-à-vis de moi visant à m'humilier devant tout le monde et à m'intimider, calmement, je lui demandais pourquoi il s'énervait comme ça après moi. Il fut obligé de baisser d'un ton devant les autres car il devenait flagrant qu'il oubliait qu'il parlait non pas à un subalterne facilement intimidable mais à un représentant du personnel membre du conseil d'administration. Ce fut mon dernier conseil car je démissionnai.

 

 

Le temps partiel est accordé par le rectorat

Pour mon temps partiel, je fis appel en CAPA en 1999 et le recteur me l'accorda pour le mois de janvier 2000. Je soumis à ma chef par écrit une proposition d'horaires que je déposais sur son bureau. J'acceptais de perdre de l'argent afin de pouvoir aller chercher mon fils à l'école et le surveiller le mercredi. Un peu avant les vacances scolaires, le jeudi 16 décembre, elle me lança devant deux C.E.S. :


"Pour vos horaires, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper mais de toute manière, vous n'aurez pas votre mercredi !"


Je suis allée trouver le Proviseur pour lui demander de me servir de médiateur. Il accepta de guère lasse.

 

Le guet-apens de décembre 1999 dans le bureau du proviseur

Rendez-vous me fut donné le lendemain, vendredi 17 décembre 1999 à 11h45 dans le bureau du Proviseur devant ma chef. De mes problèmes familiaux et l'aménagement de mes horaires, il n'en fut pas question. La gestionnaire avait monté tout un dossier contre moi avec des pièces jointes qui remontaient au 3 septembre. Toutes mes petites erreurs, mes oublis involontaires, une rature, un coup de tampon oublié… tout fut rappelé, noté, montré, tout fut décortiqué.

J'étais accusée de fautes graves, coupable, coupable, coupable… C'était sans appel.
Le proviseur crut les dires de son adjoint sans les vérifier (il n'y connaissait rien) et se montra sévère à mon égard. Il se mit en colère et me cria dessus à la limite de l'insulte. J'étais choquée car je ne m'y attendais pas du tout. Il devait servir de médiateur pas m'engueuler ainsi.
Pour confirmer que j'avais pris connaissance du document, je dus signer le rapport fait, selon les dires de la gestionnaire, pendant la nuit.

Comme j'étais étonnée qu'elle ait eu le temps depuis la veille de confectionner un tel rapport méticuleux où rien ne m'était épargné, (j'étais aussi étonnée d'une telle mémoire) et où des heures avaient dû être nécessaires pour le rédiger, taper et photocopier toutes les prétendues "preuves" de mes fautes susceptibles d'être sanctionnées devant un tribunal administratif voire pénal !

Aussi elle rétorqua qu'elle ne l'avait pas fait pendant ses heures de travail mais pendant la nuit. Je suis sûre qu'en fait ce rapport et les pièces jointes en annexe étaient préparés de longues dates.

Extrait du texte :
"Eu égard à ce qui précède, il est de mon devoir de vous rappeler vos obligations de fonctionnaire de l'Etat, que vous voudrez bien à l'avenir respecter, ou avoir en mémoire :
Les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel (……) et doivent faire preuve de discrétion professionnelle.
Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l'exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
Toute faute commise par un fonctionnaire dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions l'expose à une sanction disciplinaire sans préjudice, le cas échéant, des peines prévues par la loi pénale."

Comme à la fin de la conversation que j'ai dû abréger pour pouvoir aller manger sinon j'allais me trouver devant la porte de la cantine fermée, j'ai reparlé de mes problèmes familiaux et de mes horaires. Le proviseur me tança vertement en me disant que je ne pensais qu'à moi :

"qu'est-ce vous en savez si la gestionnaire n'a pas de difficultés elle aussi pour élever ses enfants !"


J'ai réfléchi et je me suis dit que peut-être qu'elle comptait sur moi car elle aussi avait des problèmes alors je suis allée dans son bureau pour tenter encore une fois de dialoguer avec elle. Comme j'étais naïve !
Je lui ai dit gentiment :

"Vous auriez pu me le dire que vous aviez des problèmes avec vos enfants, on aurait pu essayer de s'arranger…"


Elle ne m'a pas laissé le temps de finir :

" je vous interdis formellement de parler de ma vie privée. Ici vous n'êtes qu'une fonction ! "

(...)


"Mme T. en tant que personne, vous ne m'intéressez pas !"

Tout était dit, il n'y avait plus rien à ajouter. Selon elle, je n'étais qu'un agent de la fonction publique, avec des devoirs celui d'assumer mon service, rien de plus. Et elle n'était qu'une fonction, celle de responsable d'un service qu'elle devait faire tourner.
Le dialogue était définitivement rompu.

 

Le cadeau empoisonné : Le cactus

Le matin même, il y avait eu un va-et-vient de transport de superbes plantes à fleurs entre une CES et ma chef, entre la voiture de celle-ci et la fenêtre du secrétariat car une petite fête se préparait et ma chef avait l'intention d'offrir des fleurs à tous les membres féminins de son personnel.

Les plantes étaient immenses.
L'après-midi, je n'ai pas pu assister à la petite fête de fin d'année qu'elle organisait avec les membres du personnel administratif car je n'arrêtais pas de pleurer. C'était bien la première fois que ça m'arrivait depuis longtemps.
Deux ou trois collègues sont venus me voir dont une CES (une " amie "), qui m'a prise dans ses bras comme une mère pour me consoler. J'ignorais qu'elle allait faire un faux témoignage contre moi par la suite. Mais j'étais inconsolable, je pleurais sur moi et sur mon fils.
Ma chef est venue me voir pour me demander si j'allais me joindre à eux. Je n'ai pas répondu, pourquoi faire ?.
Alors elle déposa sur mon bureau une toute petite plante verte avec une jolie fleur rose. Je ne comprenais plus rien. Je venais de me faire engueuler, traiter d'incapable et j'avais un cadeau ! ça n'avait pas de sens !

Lorsque je déballais la plante de son papier cadeau, je m'aperçus qu'il s'agissait d'une plante grasse à piquants, un espèce de cactus ! Quel message devais-je comprendre ?
Lorsque les agents et les autres collègues virent la plante, ils partirent tous d'un éclat de rire car pour eux le message était clair. Elle m'offrait une plante à piquants c'était pas pour rien !

 

 

Ma défense et les conséquences de mon contre-rapport

J'estimais que j'étais injustement punie et calomniée alors que j'avais pas arrêté de travailler, ne prenant pas le temps de faire une pause, je n'arrêtais pas du matin au soir et au lieu d'être remerciée, j'étais menacée…

Lorsqu'en larmes j'ai téléphoné à mon ex-tuteur, agent comptable à la retraite, pour lui expliquer de quoi il en retournait, il a tenté de me rassurer en me disant que ce n'était rien, que les fautes que j'avais commises, c'était rien, que tout ça c'était du vent et que ça le faisait rire. Moi ça ne me faisait pas rire, je vivais un drame.
La suite me donna raison puisqu'à la notation, elle s'est servie de ce rapport pour me saquer.
Je crois qu'elle n'a pas supporté que je veuille me défendre et que dans mon argumentation j'ai démontré qu'elle avait tort et qu'elle avait commis des erreurs plus importantes que les miennes ! Dans mon contre-rapport au proviseur je suis arrivée à prouver avec des pièces jointes le faible degré de gravité de mes fautes involontaires, erreurs ou oublis, contrairement à ce qu'elle affirmait ou les faits erronés, déformés voire inventés par elle.
Je pense que mon rapport avec les preuves pour me défendre ont dérangé ma gestionnaire et le proviseur.

Je fais tout remonter à un échelon supérieur, le rectorat en leur demandant de l'aide.

J'ai écrit au rectorat pour plaider sur mon temps partiel. J'ai même écrit au directeur des relations et des ressources humaines (DRRH) pour expliquer l'injustice dont j'étais victime. Il ne m'a jamais répondu, ni reçu durant cette année-là. J'ai écrit au médiateur qui m'a fait une gentille lettre mais j'ai vite compris son impuissance.

 

L'attitude de la hiérarchie

Le proviseur comme j'en parle plus loin ne voulait pas d'histoires.
Le DRRH a couvert les agissements de mes supérieurs et a essayé de me déstabiliser. Il n'a pas hésité à dire à un commissaire paritaire qu'il envisageait de me faire passer devant un conseil de discipline si je ne demandais pas ma mutation provisoire pour un autre lycée… évacuer le problème à tout prix !

 

Un audit sur place, une première dans toute l'académie !

 

La secrétaire générale adjointe au recteur, celle qui m'avait refusé le temps partiel pour l'année suivante, débarqua au lycée en juin 2001 ! Elle me reçut avec mon syndicat dans le bureau du proviseur. Je croyais qu'elle était venue enquêter et qu'elle allait enfin interroger mes collègues sur l'ambiance que la gestionnaire faisait régner. Mais non, elle n'interrogea que le proviseur à part, ma chef à part, puis moi.

Elle avait lu le dossier deux fois. Elle commença par m'enguirlander disant que nous perdions notre énergie ma chef et moi à nous faire du courrier comme ça, que mon dossier était celui d'une personne de 25 ans de service et non celui d'une personne débutant dans l'administration, que nous méritions ma chef et moi toutes les deux une bonne paire de claques, que nous étions des gamines de 5 ans et que nous donnions un mauvais exemple aux élèves !
Finalement je pus quand même en placer une grâce au délégué syndical qui ne se laissait pas impressionner lui ! Elle promit de vérifier certains points car je lui répondais à chaque fois de manière cohérente et elle finit par avoir un doute.


Le rapport qu'elle rendit et dont le DRRH me promit une copie (que je n'ai jamais reçue) fut négatif.


Mon mari a d'abord écrit au DRRH concernant mes différents malaises pour avoir une explication et demander que le rectorat essaye de trouver une solution objective. Il écrivit même au ministre qui finit par lui répondre juste avant les élections que j'avais un problème relationnel et qu'une solution était cherchée (ma mutation).


Malheureusement, l'expérience m'a démontré qu'un chef a toujours raison même s'il a tort, même si on apporte toutes les preuves du harcèlement moral, la hiérarchie, à divers niveaux, ne veut pas en entendre parler et veut faire disparaître le problème en mutant la victime, pas en le résolvant. Seule une responsable au rectorat, adjointe du DRRH a eu de la sympathie pour moi ainsi que son assistante qui m'a aidée.


En janvier 2000 changement de poste et d'horaires

Lorsque j'ai repris mon poste en janvier après les vacances de Noël et un arrêt maladie pour sinusite mal soignée, la concierge m'annonça qu'elle ne pouvait me rendre mon trousseau de clé car la gestionnaire avait décidé de me changer de bureau. Je fus donc transférée au premier étage dans un bureau (local) loin de l'administration.

Je n'ai pu supporter cet isolement et surtout mes nouveaux horaires qui ne tenaient pas compte de ma demande de temps partiel pour m'occuper de mon fils.
Ma chef me faisait venir 3h50 le mercredi matin et m'avait aménagée une grosse coupure repas pour que le soir je ne puisse pas aller chercher mon fils à l'école.
Je suis allée voir la psychiatre de mon fils qui me prescrivit un arrêt pour quinze jours. Puis par la suite, de quinze jours en quinze jours, deux mois.
Elle écrivit aussi à mon proviseur pour demander un aménagement de mes horaires pour permettre à sa patiente de s'occuper de son fils ayant des problèmes psychologiques. Le médiateur de la république intervint aussi en ma faveur mais sans résultat.

 

Lettre du Recteur sur l'aménagement de mes horaires

J'ai repris le travail le jeudi 10 février. Ma chef n'était pas là. Le proviseur me dit qu'il avait reçu la lettre du médiateur et celle de mon médecin-psychiatre et qu'il allait avec la gestionnaire revoir l'aménagement de mes horaires dès son retour le lendemain. J'étais soulagée d'apprendre que les interventions du médiateur et de mon psychiatre avaient abouties.
Le lendemain, le ton avait changé, le contenu aussi. La lettre du recteur était arrivée dans l'après-midi de ce jeudi 10 février signée par la secrétaire générale adjointe !


Voici un Extrait : "… je vous invite à mener une réflexion sérieuse sur le devenir de votre activité professionnelle que vous semblez incapable de mener de front avec vos obligations de famille.
Enfin, je vous avise que votre demande de temps partiel 80 % pour l'année scolaire 2000-2001 vous est refusée au lycée R. compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles se trouve cet établissement…
En conséquence, et contrairement à l'an passé, je vous préviens suffisamment tôt de mon refus d'accorder un temps partiel et vous incite à prendre toutes vos dispositions afin de demander une mutation dans un établissement où une activité serait une gêne moins importante, ou une disponibilité pour vous occuper de votre famille."

Forts de cela, ni lui ni la gestionnaire ne voulurent revoir mes horaires. Pour eux, j'étais cassée et je l'avais bien cherché ! Ils me firent venir dans le bureau du proviseur pour me faire signer la note du recteur. Je restais très calme en apparence, cherchant à cacher mon trouble à tout prix.

Devant mon silence, le proviseur ne savait plus quoi dire. Il m'interrogeait. J'acquiesçais à tout ce qu'il me disait. Je crois qu'il m'aurait dit que le ciel était rouge, je lui aurait répondu : "Oui monsieur, puisque vous le dîtes, et je ne peux mettre en doute la parole de ma hiérarchie, le ciel est bien rouge." Ils étaient ravis de me signifier que je devais partir du lycée si je voulais mon temps partiel.

 

 

Menace de la gestionnaire qui perd son calme.

Je répondis toujours calmement que je serais au lycée en septembre à temps complet puisque je ne pouvais avoir mon temps partiel. Je crois que la gestionnaire a failli s'étrangler de ma réponse. Elle sortit de ses gonds et très en colère me menaça :


"Si vous restez dans ce lycée je vous ferais des rapports !"


Le proviseur ne dit rien. Moi, non plus. Je me suis contentée de réaffirmer ma volonté de rester dans ce lycée même si je devais perdre mon temps partiel. Alors elle affirma que j'avais fait de graves erreurs sur les calculs des frais de cantine et de bourses (erreurs comptables) et que ces erreurs étaient chiffrables. Elle joignit à cette affirmation un geste de la main vers le haut qui signifiait que le chiffre de mon erreur était impressionnant.


Notation et appréciations

Je repris le travail en mars et je dus me rendre chez la gestionnaire pour prendre connaissance de ma notation (la première) et des appréciations. Je m'attendais à un 14,50 pour bien me faire comprendre qu'elle ne m'appréciait pas.
Je découvris avec stupeur qu'au lieu de commencer à 15/20 comme tout le monde dans l'Académie, la gestionnaire m'avait mis 11/20.

Le proviseur s'était contenté d'écrire " avis conforme ".
Elle me dit qu'elle voulait mettre une note inférieure (d'où l'utilisation du blanco au niveau de la note) mais qu'elle s'était trouvée un peu dure !
Dans son rapport elle me traita d'incapable et ressortit le rapport de décembre 1999, affirmant que j'avais fait des erreurs comptables mais sans les prouver ni donner de chiffre, que je souffrais de conviction de persécution à mon encontre et que j'étais un élément perturbateur dans un service.


Extrait : "dans un établissement où les postes administratifs à l'intendance sont au nombre de deux : un poste d'AASU et un poste de SASU, les insuffisances sont très difficiles à combler.
Par ailleurs, et dans un autre registre, la tendance à la contestation systématique ainsi que la conviction d'une persécution à son encontre font de Mme XXX un élément perturbateur dans un service. "


Elle m'accusa d'avoir fait des erreurs sur les calculs des frais de la demi-pension et les bourses, que des boursiers n'avaient pas été payés… sans citer de nom, sans preuve, sans exemple.
Elle me rappelait à nouveau mon devoir de discrétion professionnelle mais ne donna aucune raison de ce rappel laissant sous entendre que je passais outre mon devoir de réserve ce qui était faux.
Je refusais de signer immédiatement mais je ne pus avoir un double de ce rapport pour préparer ma défense. Je fis une petite lettre pour me défendre par rapport à ce que je me souvenais et j'allais dans le bureau du proviseur en sa présence pour signer, joignant mon rapport.
Le lendemain je tapais un long contre rapport pour démontrer ses mensonges et ses erreurs à elle.
Je fis un contre rapport assez important où je pensais démontrer que ce qui était dit sur moi était faux.

Je demandais même une expertise psychiatrique pour " valider la normalité de ma personnalité " car elle ne faisait rien de moins que de me traiter de paranoïaque puisqu'elle donnait la définition de la paranoïa en affirmant que j'en souffrais. Je l'ai demandé deux fois et je n'ai jamais eu de réponse à ce sujet de la part du rectorat.
Comme elle avait dit que mes failles ne pouvaient être comblée dans un service qui ne compte que deux personnes, je demandais, si l'Attachée-gestionnaire (l'AASU) se sentait perturbée par la secrétaire (la SASU) ! C'est ce que l'on pouvait comprendre puisque nous ne sommes que deux statutairement dans ce service et que d'après elle je perturberais le service…

 

Dernière tentative de dialogue

Par la suite, j'allais la trouver pour tenter une dernière fois de dialoguer avec elle. Elle me réaffirma ce qu'elle m'avait dit devant le proviseur, à savoir que j'étais une incapable, que j'avais fait des erreurs CHIFFRABLES sur le calcul des frais de la demi-pension et les bourses et que même si je reprenais mon poste de secrétaire d'intendance à temps complet, même si j'abattais trois fois plus de travail que ce que j'avais fait de septembre à décembre 1999 (ce qui me semblait humainement impossible à moins de faire 90 heures par semaines) je ne serais jamais une bonne secrétaire d'intendance selon ses critères et qu'elle m'encourageait vivement à demander ma mutation pour un autre établissement où mon incapacité pouvait passer inaperçu…

Elle réussit presque à me convaincre que j'étais nulle à la fois sur le plan professionnel et personnel.
Lorsque je lui demandais de m'expliquer où j'avais fait des erreurs, elle me demanda d'aller voir la CES qui me remplaçait à ce poste depuis mon changement au 1er étage. J'allais voir la CES en question car j'étais inquiète. J'avais passé beaucoup de temps à vérifier mes calculs pour ne pas faire d'erreur, je m'étais concentrée et j'avais fait preuve de beaucoup de rigueur. Après avoir discuté avec ma collègue, je compris que je n'avais fait qu'appliquer la législation en vigueur et que je n'avais commis aucune erreur. Je fus soulagée mais aussi dégoûtée.

 

Demande de mutation

La gestionnaire m'intimida pour que je demande ma mutation et je cédais de guère lasse en faisant attention à ne demander que des établissements près de chez moi. Mes enfants étaient toujours à mes yeux prioritaires. Je ne voulais pas aller travailler à l'Inspection académique à plus d'une heure de bus et de métro de chez moi. Et puis je ne voulais pas perdre contact avec les élèves. J'étais rentrée dans l'Education nationale pour me sentir humainement utile surtout au niveau des adolescents en grande difficulté de cet établissement.
Elle me laissa provisoirement " tranquille " pendant 3 mois, jusqu'à ce que je reçoive la réponse à ma demande.

 

 

Les nouvelles conditions de travail imposées par la gestionnaire

En plus de l'isolement dans laquelle ma chef me mit, je m'aperçus d'autres choses qui prises isolément n'étaient pas bien graves mais mises bout à bout signifiaient bien un acharnement (passif).
Mon téléphone était discriminé. Je ne pouvais plus appeler l'extérieur directement. J'ai hérité d'un semblant de bureau avec un fauteuil d'invité sans roulettes (inadapté à l'informatique et au secrétariat), la direction ayant refusé que je récupère mon mobilier. Je me suis fait mal au dos avec ce fauteuil fixe car la table de classe qui me tenait lieu de bureau était grande et le caisson à tiroirs ne pouvait tenir dessous mais à côté d'où des contorsions incessantes.

J'ai demandé à plusieurs reprises à la gestionnaire qu'on me commande au moins un fauteuil à roulettes. Je l'ai écrit une fois, deux fois, trois fois (radiographie à l'appui). …
La gestionnaire refusait que j'ai les clés de l'intendance comme par le passé, alors que j'étais toujours la secrétaire de l'intendance, ce qui me posa d'énormes problèmes lorsque j'avais besoin régulièrement d'y aller et que je me retrouvais souvent devant une porte fermée à clé. La clé du CDI (centre de documentation et d'information) - où je consultais par minitel des distances pour procéder aux remboursements des frais de stage des élèves - que le proviseur m'avait fait remettre pour faciliter mon accès, me fut aussi retirée par la gestionnaire…


La gestionnaire a refusé de me commander un tampon avec le nom du proviseur. J'étais obligée régulièrement d'aller l'emprunter à une CES de l'Intendance (donc de descendre et de remonter juste pour cette opération) jusqu'au jour où elle me fit une remarque désobligeante pour que je ne lui prenne plus.
J'ai demandé par écrit à ma hiérarchie (la gestionnaire, puis le proviseur) l'achat d'un tampon. Mais la CES chargée des commandes fut obligée de m'avouer qu'elle ne pouvait me donner satisfaction ne pouvant désobéir aux ordres données par la gestionnaire qui refusait de le faire commander.
Ces incessants va-et-vient du 1er étage au rez-de-chaussée et l'ambiance générale me provoquèrent une chute de tension.
Je fus privée d'ordinateur digne de ce nom capable de me permettre de faire mon travail pendant plus d'un an. L'imprimante ne marchait pas non plus.
Je finis par être dotée un ordinateur en mars 2001 mais celui-ci était dépourvu du logiciel de traitement de texte utilisé dans le lycée (Word 2000) et je ne pouvais donc pas récupérer mes fichiers enregistrées dans les divers ordinateurs des différents services où j'avais été obligée d'aller taper et éditer pendant tous ces mois.
Il pleuvait dans mon bureau lors de fortes averses et j'étais obligée de mettre un écriteau à la porte pour que les élèves, les professeurs ou les parents d'élèves fassent attention en entrant de ne pas glisser. Il y avait un gros trou dans le mur caché par le radiateur et par grand mistral l'air s'y engouffrait.Je l'ai colmaté avec des dossiers bleus et du scotch comme j'ai pu. Ma fenêtre cassée bien avant mon arrivée était irréparable et je devais pour l'ouvrir forcer menaçant à tout bout de champ de me déboîter l'épaule.
Elle me demanda de mettre à jour l'inventaire du lycée et de rattraper des années de retard sur un logiciel qu'elle seule connaissait mais se refusait, dans les faits, à m'apprendre.

Ma nouvelle attitude d'évitement

Après la notation de mars, j'étais tellement démoralisée que je ne cherchais plus à obtenir justice. Je cherchais à me faire oublier. Je me mis à douter de mes capacités professionnelles et personnelles, me demandant si finalement tout ce qui m'arrivait n'était pas de ma faute. Plusieurs collègues me disaient que je n'avais pas su y faire avec la gestionnaire. J'avais beau cherché, je savais que je n'y étais pour rien et pourtant j'étais très angoissée et mal à l'aise avec un épouvantable sentiment de culpabilité (surtout pendant mes arrêts maladie où ce fut atroce).
Ce sentiment de culpabilité m'a poursuivi jusqu'au jour où j'appris l'existence d'une nouvelle victime. J'avais été la première mais la gestionnaire ne s'arrêta pas à moi. Elle s'attaqua à la concierge qui finit par demander sa mutation et l'obtenir. Elle fit de même avec l'agent chef qui vient d'obtenir sa mutation. Beaucoup de personnes non titulaires se retrouvèrent au chômage à cause d'elle.
Cela me fit comprendre beaucoup de choses mais c'est un prof qui utilisa le premier le terme de " harcèlement moral " avec un article à l'appui et j'avoue que je fus soulagée d'apprendre que je n'y étais pour rien !

En septembre mes horaires aménagée par la gestionnaire devinrent encore pire. Je refusais de les signer mais fut bien obligée de les appliquer. Non contente de m'empêcher d'aller chercher mon fils à l'école, elle s'arrangea pour que je ne puisse plus aller l'accompagner le matin. L'entretien durant lequel elle tenta de me faire croire que c'était une proposition dura trois quart d'heures. En fait elle refusait toutes mes demandes d'aménagement.
Je fus la seule de l'établissement à avoir 45 minutes de pause repas non comprises comme un temps de travail alors que les autres bénéficiaient d'une coupure repas de trente minutes considérées comme un temps de travail.


Je fus attaquée à plusieurs reprises par la gestionnaire en conseil d'administration où elle essaya de me faire passer pour une menteuse, pour quelqu'un qui inventait des textes de loi (les siens étaient caduques), qui falsifiait la signature d'un professeur… j'apportais la preuve de ses fausses affirmations à tous les membres du conseil d'administration mais tout ceci m'usait.

 

Un jour après un conseil d'administration houleux où j'avais prouvé son incompétence, elle vint me trouver dans le secrétariat du proviseur, se planta devant moi comme si elle allait me mordre et me demanda hors d'elle :

"la gestionnaire, c'est vous ou c'est moi ?"

 

Le proviseur prétendit même dans un rapport que je découvris plus tard que j'attisais des rivalités entre CES alors que j'avais le devoir de défendre ceux qui me le demandaient s'estimant victime de discrimination (preuve à l'appui) en conseil d'administration puisque j'étais leur représentante.


Lorsque le médecin me prescrivais un arrêt de 3 jours, elle demandait à la secrétaire d'en compter 4 soit un de plus. Elle le fit à plusieurs reprises car je voyais mon médecin le soir après le travail. Par exemple, j'allais le consulter le 20 du mois après mon travail, le médecin inscrivait la date du 20 mais mettait la date du 21 pour faire débuter les visites possibles… J'avais toutes les preuves que j'avais bien travaillé le 20 (d'ailleurs elle m'avait vue) mais rien n'y fit.
Par la suite, ce fut mon deuxième psychiatre qui me fit les arrêts et il les antidata pour m'éviter des ennuis.

 

 

Ma chef m'appelle au restaurant - atteinte à ma vie privée

Quatre jours avant les vacances de Noël 2000, le psychiatre me prescrivit un arrêt de travail de 4 jours. La disquette de bourse était faite, les élèves allaient être payés, je pouvais souffler, j'étais à bout.
Comme j'étais plutôt déprimée (je supportais mal mes arrêts maladie, me sentant confusément coupable) les collègues me demandèrent de les rejoindre à midi le jeudi. Elles avaient décidé de boycotter le repas amical de fin d'année au lycée.


J'acceptais de guerre lasse pour leur faire plaisir (sachant que le peintre était chez moi ça ne m'arrangeait pas de le laisser seul) et rendez-vous fut pris à 200 mètres de chez moi. Nous devions allez au restaurant mais nous ne nous étions pas encore mises d'accord sur quel type de restaurant. Finalement nous choisîmes le restaurant vietnamien dont je connaissais la propriétaire (maman d'un camarade de classe de mon fils). Il était 13h00 passée.

A peine assise, je donnai l'arrêt de travail à la secrétaire du proviseur pour éviter qu'il ne se perde par la poste.
Cela faisait 5 mn que nous étions installées que nous entendîmes la patronne m'appeler, quelqu'un me demandait au téléphone. Une collègue suggéra que c'était ma chef.

Je me levai. J'hésitais car j'étais persuadée qu'elles me faisaient une blague avec un portable. Nous étions 9 en tout avec 3 profs. Ce fut une prof qui prit le combiné et demanda s'il y avait un message. Il s'agissait bien de ma chef qui prétendait qu'il y avait un problème sur mon certificat médical !
Par la suite en réunion devant les délégués syndicaux elle reconnut m'avoir appelée de son domicile par gentillesse pour m'avertir que j'allais être hors délai dans l'envoi de mon arrêt ! Elle n'a jamais été à une contradiction près ou à un mensonge près.
Les collègues s'écrièrent qu'elles avaient la preuve que j'étais bien harcelée alors qu'auparavant elle croyait que j'exagérais.
Ce fut très difficile de recueillir les témoignages. Les profs voulaient aller voir le proviseur pour leur faire part de ce qui se passait mais finalement ne firent rien.

Elles devinrent au fil des jours évasives et évitèrent la question. Elles ne se rendaient peut-être pas compte et pensaient qu'il s'agissait plutôt d'un conflit d'une personne avec une autre et elles ne voulaient pas se mettre à dos le proviseur qui défendait ma chef. Sur mes 5 collègues trois me firent un témoignage et une quatrième par la suite.

 

Menace écrite du proviseur reçue juste après Noël à mon domicile

Ma chef vit rouge lorsqu'elle prit connaissance de mon arrêt de travail qui stipulait :

" horaires de sorties libres "

La CPE me dit d'ailleurs à ce sujet : "cela veut dire que tu es libre de manger et de chier où bon te semble ! " avec son franc parler méditerranéen. Mais je ne savais pas encore qu'elle allait tourner sa veste.
Juste après Noël je reçus une lettre du proviseur.


" J'ai été certes étonné mais pleinement rassuré sur votre état de santé en apprenant qu'en dépit d'un arrêt de travail pour raison médicale couvrant les 4 jours qui précèdent les vacances de Noël, vous ayez pu honorer de votre présence un repas amical avec vos collègues de travail ce jeudi 21 décembre 2000.
S'il est vrai que votre médecin traitant avait pris soin d'autoriser des sorties libres, je n'en demeure pas moins surpris d'une démarche qui, lorsqu'elle intéresse des élèves aperçus à notre service de restauration après avoir négligé d'être présents aux cours, attire généralement sur eux les foudres les plus terribles des censeurs de notre établissement.
Je vous prie de bien vouloir accepter néanmoins tous mes vœux de prompt rétablissement. "


Sa lettre me laissa perplexe car je ne comprenais pas où il voulait en venir. L'année passée, j'avais été en arrêt maladie pendant deux mois, il ne m'avait jamais écrit pour me souhaiter un prompt rétablissement. Cette lettre signifiait tout et son contraire. Le plus important à retenir est cette phrase : " attire généralement sur eux les foudres les plus terribles des censeurs de notre établissement. "


Il me menaçait de manière déguisée certes mais me menaçait quand même et pas rien, " des foudres les plus terribles ". Quand on est foudroyé on est mort !

 

Le syndicat

Lorsque je compris que mon syndicat ne m'aidait pas et ne me soutenait pas (elle avait le même syndicat que moi) je changeai de syndicat. Deux délégués syndicaux m'accompagnèrent et me soutinrent lorsque, enfin !, je fus reçue par la responsable des personnels de catégorie C et B, adjointe au directeur des relations et ressources humaines à qui j'avais fait part du harcèlement moral preuve à l'appui et la lettre de menace du proviseur.
Elle resta sceptique, ne sachant pas quoi faire mais je la sentis néanmoins sympathique à mon égard. Elle me demanda d'envoyer les autres preuves que je possédais par la voie hiérarchique me reprochant d'être passée par la voie de la confidentialité.

Elle avait fait une entorse à la coutume en me recevant sans la présence de mon supérieur hiérarchique. Les deux délégués syndicaux, dont l'un d'entre eux subissait aussi un HM en tant que concierge, me défendirent très bien et s'inquiétèrent à voix haute des conséquences qu'une telle démarche (passer par la voie hiérarchique) allait avoir sur moi.

J'allais me faire " casser ! "


Cette responsable me demanda de rencontrer le médecin de prévention de l'Education nationale, j'étais d'accord, évidemment.
Ce qui était prévisible arriva. Je me fis casser lorsque j'envoyai les autres preuves en les apportant au proviseur pour qu'il les fasse suivre.

 

Deuxième notation

Je fus très surprise d'être convoquée la veille des vacances de février dans le bureau du proviseur en sa présence. Il me remit sa proposition de notation. Je la pris sans rien dire et partit la lire dans mon bureau où j'appelais mon nouveau syndicat. Je devais la ramener pour la signer très rapidement. Juste après avoir pris connaissance de ma note (9/20) je me vidais complètement dans les toilettes.
L'après-midi je descendis signer sans rien dire, en ayant pris soin de noter que je demandais la révision de ma notation en commission administrative paritaire et qu'un rapport suivrait. En sortant du bureau du proviseur, dans le couloir je croisais le Proviseur-ajoint que j'avais en estime. Il me demanda de rentrer chez moi devant ma mine défaite. Mais je ne pouvais pas lui obéir car il n'était pas mon supérieur hiérarchique. Je montais les escaliers avec le parapheur dans les mains et la copie de la notation.
Arrivée en haut, je fus pris d'un malaise. Je m'accrochais à la rampe d'escalier.

Le Conseiller d'éducation qui était dans le couloir du 1er étage me vit mais crut à une plaisanterie. Je tombais à terre envolant voler le parapheur. J'étais sans force. Mon ami se précipita suivi par la surveillante qui courut chercher l'infirmière.

Je fus ramenée dans mon bureau où je ne m'arrêtais pas de pleurer. Mon mari fut obligé de venir me chercher. A aucun moment le proviseur ne prit connaissance de mon état.
Le proviseur averti par sa secrétaire de mon malaise déclara que ça devait me servir de leçon !
Dans un rapport qu'il joignait à celui de la gestionnaire il avait écrit : " je crains que Madame XXX soit animée aujourd'hui d'un sentiment ambigu manifestement préjudiciable à l'esprit du service public "

 

Faux témoignages de collègues

Début mars 2001, la gestionnaire manipula deux CEC sous ses ordres (chantage à l'emploi) pour qu'elles rédigent un faux témoignages contre moi disant que j'étais " méchante " et que la gestionnaire ne me harcelait pas. Une ancienne conseillère d'éducation qui n'était plus en poste depuis des mois, fit de même comme si elle était toujours là et recevant des tas de témoignages d'agents se plaignant de mon attitude ce qui était faux. L'une des deux CEC était une amie et jusqu'en mai elle continua à me demander des conseils car elle avait un tas d'ennuis personnels et juridiques par rapport entre autre au père de sa dernière née. Je l'écoutais, la conseillais… je ne pouvais pas savoir !

Lorsque j'appris son faux témoignage et lui demandai pourquoi, elle éluda la question par : " j'ai été menacée, je t'expliquerai ! " mais elle ne m'a jamais expliqué quoi que ce soit et elle m'en voulut de ne plus lui dire bonjour !

Témoignages en ma faveur

Je ne pus prendre connaissance de ces témoignages et y répondre qu'en mai, date à laquelle je pus enfin accéder devant témoin, à mon dossier administratif interne. Je fus très choquée et mes autres collègues aussi. Des témoignages en ma faveur se firent de manière spontanée. J'envoyai ces témoignages de l'agent-chef (cadre C), d'une emploi-jeune, d'une agent administratif (cadre C), de professeurs (cadre A) au rectorat en passant par la voie hiérarchique. Je savais que ces gens prenaient de gros risques pour m'aider.

 

Refus de témoigner

Les deux conseillers d'éducation refusèrent de m'apporter mon soutien. Je leur demandais juste d'écrire ce qu'ils pensaient de mon travail, de notre collaboration et de mon état d'esprit mais l'une ayant refusé, l'autre refusa aussi. Ils ne voulaient pas d'ennuis.

 

Deuxième malaise

Je fis un deuxième malaise en juillet car le DRRH tentait par l'intermédiaire de la commissaire paritaire (d'un autre syndicat que le mien mais qui m'a beaucoup défendue) de me faire peur. Je devais choisir entre demander une mutation provisoire ou passer en conseil de discipline. Mon syndicat m'affirma qu'on ne pouvait pas me faire passer en conseil de discipline car à part des rumeurs véhiculées par ma chef, il n'y avait rien dans le dossier.

 

Le piège

Le mardi matin, elle me convoqua dans le secrétariat sous prétexte d'aider une collègue à faire une préparation de mandatement. Ma collègue n'avait pas besoin de moi car c'est un travail qu'il vaut mieux faire seul ! Je sentis le piège mais ne pouvais rien faire.
Nous appliquions les horaires de permanences car c'était l'été il n'y avait plus d'élèves. La gestionnaire ayant été en arrêt maladie pendant deux mois (problèmes au genou) c'est une contractuelle qui la remplaça. Je m'entendis très bien avec elle et elle le lui fit payer !
Nous avions tous décider dans les divers services d'appliquer les horaires de permanences qui ne sont pas des horaires écrits mais font partie des habitudes du lycée.
La grande majorité du personnel venait donc à 9 h00 - 1200 - 14h000- 17h00. Certains préféraient ne pas faire de coupure et partir à 15h30, d'autres une coupure moins grande (la vie scolaire notamment) et partir à 16h00. Moi je ne pouvais partir à 17h00 car je devais aller chercher mon fils au point de ramassage du bus du centre aéré. Je devais y être pour 16h40 et ce n'était pas la porte à côté. Aussi je venais le matin à 8h30 et je repartais à 16h30. La gestionnaire en place était d'accord. La gestionnaire malade venait travailler certains après-midi et on ne savait pas quand son arrêt se terminer et quand elle reprenait les pleins pouvoirs.
Ce mardi là, ma collègue occupant la fonction de gestionnaire, n'était pas là (stage).
Vers 15h00 ma tortionnaire s'installa dans le secrétariat comme pour me surveiller. A 16h10 le travail terminé, je remontais dans mon bureau où elle m'appela pour me dire qu'il y avait un autre travail pour moi. Je descendis. Je sentais le piège se refermer. A 16h20, une CEC (sa protégée) me dit qu'il était inutile que je commence un travail avec elle puisque je partais à 16h30. La gestionnaire se mit en colère, me demanda des explications. Une autre CEC qui aurait dû partir à 15h30 lui dit que c'était les horaires d'été mais elle ne lui accorda aucune attention. Elle me regardait comme une araignée regarde un insecte engluée dans une toile.

Elle m'incendia, me traita de manipulatrice… Je devais finir comme d'habitude à 17h30. A la limite elle m'accordait de finir à la fermeture du lycée au public c'est-à-dire à 17h00. Cela signifiait bien que nous étions en horaires de permanences et qui si je venais à 8h30 au lieu de 9h00 je pouvais sortir une demi-heure plus tôt. J'avais fait mon quota d'heures.
Elle me tenait et ne voulait pas me lâcher. J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer, je paniquais intérieurement car je ne voulais pas que mon fils m'attende tout seul. Il allait se demander si je ne l'avais pas abandonné. Je ne cédai pas d'un pouce. Je lui dis que je devais être à 16h40 à tel endroit de la ville, que je devais y aller.

Alors elle me dit :

" bon vous pouvez y aller ! "

comme si elle me faisait une grâce. Elle sentait que j'y serai aller quand même. Pour mon fils, j'étais David se battant contre Goliath ! Elle aurait perdu la face !


Le jeudi suivant, le téléphone sonna et le standard me cita un nom qui ressemblait à celui de la gestionnaire à une voyelle près. Je paniquai, me demandant si son petit jeu n'allait pas recommencer. C'était en fait la commissaire paritaire qui m'expliquait ce qu'il en était de mon cas en hauts lieux.
J'étais déterminée à ne pas partir avec un tel dossier et promis d'appeler la responsable au rectorat pour lui faire part de ma décision.

Quand je pris le téléphone, je craquai complètement. Pourtant je sentais qu'elle essayait de m'aider. Mais j'étais dans une impasse. J'avais peur de partir et j'avais peur de rester. J'avais peur de partir car mon dossier allait me suivre et le proviseur risquait de téléphoner à son collègue de secteur pour le monter contre moi, il était assez vicieux pour le faire, au vu des rapports mensongers et des calomnies qu'il avait déjà écrits contre moi et dont je n'ai eu connaissance qu'en demandant à consulter mon dossier administratif au rectorat.
Je me mis à pleurer. Le surveillant, un camarade, qui travaillait à côté se précipita sur moi et alla chercher la conseillère d'éducation, une amie. Celle-ci arriva avec une parent d'élève, une infirmière.
Je ne pouvais pas parler mais je pus dire que j'étais au fond du puits. L'infirmière fit sortir tout le monde et resta à discuter avec moi. J'étais d'accord pour qu'elle appelle les pompiers mais mon amie refusa, elle avait peur qu'on m'envoie chez les fous. Elle appela mon mari. Quand il arriva, j'étais allongée par terre, je ne bougeais plus, je pleurais toujours.
Il fit appeler les pompiers qui m'embarquèrent pour l'hôpital. Je fus examinée par un psychiatre qui inscrivit sur l'arrêt de travail le motif : " asthénie physique et psychique " ce qui signifie grande fatigue. Je n'eus pas l'idée de le faire passer en accident de travail et ce d'autant plus que deux jours plus tard je partais en vacances dans les Alpes. (vacances d'été).

La rentrée scolaire

En septembre 2001, ma collègue du secrétariat du Proviseur reçut des directives du Rectorat pour le jour de la rentrée des classes. Chaque parent bénéficiait d'une heure pour accompagner son enfant à l'école primaire. Elle distribua les directives à chaque chef de service pour qu'il en informe chaque agent de son service.

Je fus la seule à ne pas avoir été informée de ce droit et je ne pus accompagner mon fils en CM1.

Lorsque je l'appris dans la journée, je déposais un imprimé au Proviseur lui indiquant que puisque je n'avais pu accompagner mon fils à l'école, j'allais le chercher à la sortie des classes !

J'étais écoeurée par ce procédé car cela atteignait encore une fois un enfant.

 

Elle maintient une ambiance de terreur dans mon entourage professionnel

Quelquefois, elle me faisait chercher partout. J'étais dans un autre service soit en train d'éditer des lettres d'avertissements d'absences aux familles d'élèves boursiers, soit à la vie scolaire en train de faire des recherches informatiques sur leur ordinateur (ce qui me permet après de continuer mon travail). Quelqu'un finit par me trouver et me dire qu'elle me cherchait partout.

La personne était toujours encore plus angoissée que moi, que ce soit un CES ou un surveillant… à chaque fois je m'entendais dire qu'elle me cherchait, que c'était urgent, qu'elle n'était pas contente du tout, qu'il fallait vite que je la rappelle comme si ça allait être très grave pour moi car j'allais me faire " engueuler ". Les collègues étaient navrés à chaque fois. Je la rappelais et le dialogue n'était jamais possible, je devais tout abandonner. Elle me demandait sèchement de venir immédiatement (tant pis pour le travail de recherche informatique en cours).

 

Ordre dégradant

Je cite un exemple qui me vient en mémoire : je l'appellai et elle me dit sèchement que je devais venir tout de suite à l'intendance et il n'y avait pas moyen de discuter, je devais tout abandonner pour accourir. Lorsque j'arrivai, elle me demanda froidement devant les deux CES de l'Intendance qui étaient elles au secrétariat de l'intendance (dont j'étais la secrétaire) de faire des photocopies ou de déliasser un mandatement qu'elle avait mal cadré. C'était urgent et je devais me dépêcher.
Pour ce faire elle me demanda devant les CES de faire du découpage. Evidemment, elle cherchait à m'humilier devant elles car elles étaient dans la hiérarchie bien inférieures à moi. Logiquement, vu mon grade, c'était du gaspillage de payer quelqu'un comme moi à faire ce genre de chose alors qu'elle disposait de deux CES sous ses ordres pour le faire. Ces C.E .S. (contrat emploi solidarité) sont devenues CEC. L'une d'entre elle, a même clamé qu'elle m'avait remplacée et qu'elle était devenue la secrétaire de l'Intendance. L'Agent chef l'a remise à sa place parce que mon grade, personne ne pouvait me l'enlever et je serai toujours SASU.

 

Rumeur d'agression

A la rentrée, la gestionnaire véhicula la rumeur selon laquelle mon mari avait agressé une CEC (mon " amie ") qui avait fait un faux témoignage contre moi. Cette personne était en arrêt maladie depuis une semaine. Je portai plainte au commissariat (main courante) contre cette rumeur conformément au conseil que m'avait donné le responsable de la sécurité d'Auchan où mon mari était censé avoir agressé cette personne un samedi matin, devant des tas de caméras et des témoins, dans un contexte de vigipirate ! La bande d'enregistrement avait été effacée car il n'y avait pas eu d'altercation ni aucun dépôt de plainte enregistré sur le cahier de sécurité. Tout ceci prouvait que la soi-disant victime mentait.
Je fus convoquée au rectorat par le DRRH un jour où j'étais en arrêt maladie, pour un jour où j'étais en décharge syndicale. Il y eut une intersyndicale ce jour-là car deux délégués d'obédience différentes vinrent me défendre.
Le DRRH reçut mes chefs trois quart d'heure avant nous. Je fus d'emblée " cassée ".

Tout d'abord il parla de cette " agression " mais je l'arrêtais puisque j'avais porté plainte et il enchaîna en disant que lui ne m'aurait pas titularisé en 1999.
Il avait tout dit, il n'y avait rien à ajouter ! Il n'était pas là pour essayer comme sa fonction l'indiquait, de résoudre un épineux problème de relations humaines mais briser l'élément en bas de l'échelle et le réduire au silence.
Dans l'administration on a le droit d'être harcelé à condition de subir toutes les attaques en silence !

 

La charge de travail de deux personnes

En novembre 2001, ma chef décida de me sortir du placard et de me donner le travail de deux personnes, rien que ça ! Je m'attelais à la tâche, m'occupant toujours des dossiers de bourses au 1er étage et partageant désormais le bureau de l'agent chef au rez-de-chaussée à côté du bureau de mon tortionnaire. Les élèves me cherchaient partout. J'étais écartelée.

 

Le 3ème malaise

Le 4 décembre 2001, j'étais très fatiguée, ayant peu dormi et étant très stressée. Je devais absolument finir mes vérifications pour prouver que j'étais capable de faire le travail conformément à mon grade. Alors que j'effectuais ces vérifications comptables avec beaucoup de rigueur et de concentration, elle passa la matinée à venir me déranger et je devais tout recommencer.
Après le repas, l'agent chef découvrit sur son bureau un rapport de la gestionnaire où il était déjà question de lui descendre sa notation de mars.
La conseillère d'éducation (CPE) avait rédigé une lettre à l'intention de la gestionnaire pour se plaindre de l'état de propreté de son bureau et la gestionnaire en avait profité pour écrire un rapport contre l'agent-chef qu'elle harcelait depuis plus d'un an, l'accusant de falsifications de document syndical entre autres (ce qui était faux).
Je voulus défendre l'agent-chef car la CPE était une amie mais celle-ci retourna sa veste tout en me faisant croire que j'étais à l'origine d'un malentendu. Ce n'était pas la première fois que je la surprenais en flagrant délit de mensonge gratuit.
Début octobre, un agent me dit qu'il avait vu revenir la gestionnaire et le proviseur de la réunion avec le DRRH, le proviseur faisant code-phare, code-phare comme s'ils avaient gagné et voulaient prévenir quelqu'un.
J'en avais parlé au proviseur devant la CPE, mon amie. Elle prit la défense contre moi du proviseur en disant que c'était des mensonges car elle était là ce jour-là et que le proviseur n'avait pas fait code-phare, code-phare. Le proviseur avoua aussitôt devant la CPE, qu'il avait bien fait code-phare pour saluer l'agent de sécurité. Pourquoi mon amie voulait-elle me mettre mal ce jour-là ?
Ce 4 décembre elle était hors d'elle. Elle hurlait tant au téléphone que l'agent chef entendait tout ce qu'elle disait. Elle m'accusa de vouloir la manipuler, de faire attention à ce que je disais parce qu'elle avait des témoins (elle avait mis son téléphone en position haut parleur). A la fin alors qu'elle commençait à se calmer, je lui demandais où elle voulait en venir et lui rappelais les conditions d'humiliations dans lesquelles je vivais chaque jour. Je craquais complètement, ne prenant pas la peine de raccrocher.
Je me mis à pleurer et à pleurer sans pouvoir m'arrêter. Ma chef arriva et fit sortir l'agent chef qui tentait de me consoler et de me calmer. Mais c'était la crise de nerf. L'infirmière arriva. Pendant qu'elle téléphonait aux pompiers j'ai senti que je glissais de ma chaise et me retrouvai par terre.
Les pompiers arrivèrent et m'amenèrent à nouveau à l'hôpital qui demanda le caractère professionnel de mon arrêt maladie. Je ne remis plus jamais les pieds au lycée et mes amies se débrouillèrent pour me ramener toutes mes affaires.

 

De décembre à juin 2002

Je démissionnai du conseil d'administration expliquant que je subissais des pressions et que je devais sauvegarder ma santé.
Ma chef m'écrivit trois fois en février et une fois fin mai.
A chaque fois que je reconnus son écriture sur l'enveloppe, je compris que c'était pour m'annoncer une saloperie.
La première fut pour me demander le certificat de ma prolongation d'arrêt de travail. Mais je venais de recevoir la preuve par la poste qu'elle l'avait bien reçu. Elle s'était trompée en fait ne sachant pas lire une prolongation d'accident de travail.
La deuxième fut pour m'envoyer la proposition de notation (je n'étais pas descendue à 7/20 ! elle me maintenait à 9/20). Je signais sans commentaire. Pourquoi faire ? Je demandais juste la révision de ma note en commission administrative paritaire mais sans plus. Ça ne servait à rien.
La troisième pour m'annoncer qu'elle émettait un avis défavorable à ma demande de congé formation qu'elle tenta de torpiller. En effet, au lieu de demander mon congé formation de janvier 2003 à décembre 2003, je me trompais d'année, écrivant 2002. J'étais dans un piteux état mental.
Le lycée avait jusqu'au 4 mars pour envoyer ma demande, je l'avais moi-même transmise début février. Elle attendit le dernier moment pour me faire comprendre mon erreur. Il suffisait juste de mettre un 3 par dessus le 2 ou de demander à la secrétaire (une amie) de me téléphoner pour rectifier… Elle pensait que je ne pourrais plus demander ce congé avant l'année suivante.

Mais je téléphonai au rectorat à l'assistante de la responsable de ma catégorie. Elle me demanda de la recommencer (j'avais un exemplaire vierge) et de la lui envoyer rapidement sans passer par le lycée. J'en envoyai une copie au lycée pour avis (favorable ou pas). Je n'ai jamais su si le proviseur et la gestionnaire émirent un avis favorable car elle ne m'envoya pas la copie revêtue de la signature du proviseur.
Je viens d'obtenir ce congé formation !


La quatrième fois où elle m'écrivit rédigeant elle-même l'enveloppe comme les fois précédentes, ce fut pour m'envoyer la copie de la notation définitive arrêtée par le recteur :

9/20 !

Elle devait jubiler. Je m'en moquais, je n'étais plus à ça près.

J'ai enfin compris qu'il ne fallait pas confondre sa valeur personnelle et la valeur professionnelle que des supérieurs vicieux peuvent nous coller !

 

 

Consultation du dossier administratif

Je conseille à tout le monde dans une situation de H.M. de demander à consulter son dossier administratif en prenant soin d'amener de l'argent car les copies sont payantes ! Je découvris les faux témoignages et les rapports mensongers du proviseur ainsi que des rapports de la gestionnaire accompagnant son avis défavorable à mon temps partiel avec des arguments mensongers.

 

Le médecin de prévention

Je fus reçus au mois de mars 2001 par le médecin de prévention qui conclut effectivement à un harcèlement moral et était très inquiète pour ma santé. Elle me conseilla de demander une mutation mais je refusais. Je ne voulais pas arriver ailleurs comme " un loup dans une bergerie " avec le dossier que j'avais et qui me marquait au fer rouge.
Je conseille - à celui à qui ça arrive d'être reçu par un tel médecin - de bien avoir à l'esprit que ce médecin est payé par l'employeur et qu'il tente de trouver un compromis, pas de prouver le harcèlement. Il ne faut pas non plus donner votre opinion contre votre chef, c'est au médecin à en arriver à cette conclusion par rapport à ce que vous lui direz. Je n'ai pas " craché " sur ma chef, je m'en suis tenue aux faits, à mes tentatives de compréhension et à ma souffrance psychique. J'ai raconté la vérité.
J'ai revu le médecin de prévention une deuxième fois, juste après mon deuxième malaise en juillet 2001. Elle tenta de me convaincre de demander une mutation provisoire mais je lui répondis de dire au recteur que je n'étais pas en état de décider quoi que ce soit, que j'avais autant peur de partir que de rester.

 

Les syndicats

Il est important de changer de syndicat si on a pris un syndicat " maison " manipulé par la direction. Ils cherchent avant tout des arrangements, pas à faire cesser le harcèlement. J'ai donc changé de syndicat pour un syndicat plus virulent qui a demandé à maintes reprises que cesse cet acharnement sur ma personne.
L'action syndicale a des limites malheureusement ! Ils sont un peu dépassés. Je représentais un cas compliqué et surtout individuel dans un établissement où c'était " chacun pour soi ". Le syndicat est cependant nécessaire car il m'a apporté des réponses juridiques et sous doute évité le conseil de discipline.

Un préavis de grêve signé par la majorité des agents qui demandaient à être respectés, a été envoyé au rectorat à l'initiative de mon syndicat.

La gestionnaire finit par donner satisfaction à trois d'entre eux sur 8. Diviser pour mieux régner, elle avait réussi à semer la zizanie.


Depuis mon départ, une section harcèlement moral dans le syndicat aurait été créée.

 

Les collègues

Un harcèlement moral ne peut avoir lieu que si la victime est isolée aussi bien par le harceleur que par ses collègues qui ne veulent pas d'histoires ou qui ne comprennent pas.
Bon nombre de fonctionnaires de l'établissement, des profs ou des CPE ou même l'infirmière, d'un grade assez important, furent témoins de scène d'humiliations ou d'acharnement mais ne bougèrent pas. Pourtant ils ne risquaient pas leur place et j'entretenais de bonnes relations avec eux.
Heureusement, ils refusèrent de collaborer avec ma chef pour signer quoi que ce soit contre moi. Personne ne comprenait pas pourquoi je ne demandais pas ma mutation, le problème aurait été résolu selon eux.

Le problème aurait été déplacé, c'est tout.
Depuis que j'ai quitté l'établissement la gestionnaire continue de harceler d'autres personnes qui préfèrent se plaindre sans faire de vagues ayant peur de subir mon sort ou pire encore. Elles se contentent d'attendre leur mutation.
L'angoisse n'a pas de limite dans l'imagination négative.

 

Les conséquences sur ma vie familiale - les enfants

Mes enfants ont beaucoup souffert de cette situation. J'étais tellement peinée et révoltée car je ne pouvais rien faire pour les aider et moi-même je sombrais dans la déprime.
Je ne pouvais pas m'occuper de mon fils qui avait des problèmes et il rentrait seul le soir à la maison où il restait seul jusqu'à l'arrivée de son frère aîné. Je n'étais pas toujours en état de lui faire faire ses devoirs.
Quand la loi sur le harcèlement moral fut votée le 13 juin 2001, mon fils aîné me dit que si je déposais une plainte et que si je gagnais le procès, je récolterai au moins 10 000 F de quoi lui payer le scooter dont il rêvait. Mon deuxième fils, celui qui posait des problèmes, dit qu'il faudrait partager l'argent en 4. Lorsque j'en parla au psychiatre il me dit que mon fils avait raison car c'était tout la famille qui avait souffert.

 

Les conséquences sur ma santé

Je m'adresse tout particulièrement aux conjoints qui doivent tout faire pour comprendre et soutenir la victime. Je m'endormais en ne pensant qu'à ça, je me réveillais en ne pensant qu'à ce que j'allais encore subir. Je dormais peu et mal, mes nuits étaient peuplées de cauchemar.
J'étais prise de colites (colon irritable) pour un rien, ou des brûlures d'estomac, des migraines, jusqu'à avoir de l'incontinence urinaire (qui me chagrina beaucoup) mais qui a disparu depuis mon arrêt.
Au niveau sexuel le désir m'a fui depuis longtemps.
Malheureusement !

Mon mari crut que je ne le désirais plus, que je ne l'aimais plus et que j'avais un amant. J'étais toujours dans mes pensées, engluée par une araignée, ma chef, qui tissait constamment sa toile autour de moi. Il m'annonça un jour qu'il me quittait après 20 ans de vie commune. Je ne pus le supporter.
Ça n'allait pas au travail, j'étais très mal et voilà que ma vie personnelle volait aussi en éclat. C'était trop ! Je m'enfonçais dans des sables mouvants.
Je pris des antidépresseurs que m'avait prescrits la psychiatre au mois de janvier 2000 en cas de contrôle mais que je n'avais pas pris et des anxiolytiques en espérant dormir en attendant que mes parents viennent me chercher pour m'interner car j'estimais en avoir besoin. Mais les antidépresseurs eurent un autre effet. Je réagis comme si j'avais bu 20 cafés ! Je ne m'arrêtais pas de parler toute nuit, délirant complètement. Mon mari me surveilla jusqu'à 4 h du matin où je m'endormis. Lorsque je me réveillai à 7h00, mon mari était levé, mon fils aîné aussi car il allait à l'école.

Je vis le thermomètre que mon plus jeune fils avait cassé par terre au pied de mon lit, de mon côté.
Je fus prise de folie. Je me persuada que ces brisures de verre étaient un signe, qu'elles étaient là pour moi, pour mettre fin à ma souffrance.
Le verre de ces thermomètres ne coupent pas assez, je ne réussis qu'à me couper un peu la peau et non la veine alors que je m'entailla à 15 reprises.
Par la suite, j'eus deux crises d'anorexie et perdis 7 kilos en tout. Lorsque je repris le travail trois semaines et demie plus tard, la gestionnaire lisant la souffrance sur mon corps et dans mon attitude me laissa provisoirement en paix.
Mon mari est devenu depuis mon allier et il m'aida souvent dans la rédaction de mes écrits pour demander justice, écrivant même au DRRH et au ministre.

Je n'ai pas retrouvé mon désir mais je sais que ça reviendra un jour. L'amour subsiste.

 

Les consultations chez un psychiatre

Elles sont nécessaires et même indispensables pour :

- comprendre ce qu'il y a à comprendre chez une personne souffrant de perversité narcissique,
- prendre du recul si c'est encore possible,
- entreprendre un travail de fond pour savoir ce que l'attitude de notre harceleur nous rappelle ou fait réagir en nous… (blessures de l'enfance…)
- savoir comment réagir face à ce style d'attaques,
- surtout obtenir des arrêts maladie quand on est trop fatigué pour lutter avec " horaires de sorties libres " pour éviter que votre harceleur ne vienne vous contrôler ou demande un contrôle.

 

Les diverses attitudes adoptées

Au début j'ai adopté une attitude conviviale avec beaucoup de naturel. Je me suis adressée à elle comme je me serai adressée à n'importe quel nouveau collègue ! Je ne pouvais pas savoir qu'elle était un glaçon et elle m'a refroidie !
Par la suite j'ai adopté à son égard une attitude un peu distante ce qui ne me ressemblait pas.

Mais j'ai gardé mon attitude sympathique et souriante avec tous les autres collègues ou hiérarchie. Je lui ai marqué du respect mais j'ai tenté parfois de plaisanter tellement elle avait l'air découragé par la tâche ardue de gestionnaire dans un nouveau lycée. Elle venait d'un collège et c'était dur pour elle. Je lui ai exprimé ma sympathie et ma solidarité. Je ne suis pas sûre qu'elle ait compris que je l'encourageais. Elle a dû prendre ma compassion pour de la pitié !
Je me suis rapidement décidée à ne pas l'investir affectivement comme je le faisais habituellement avec tous mes supérieurs. En fait, je suppose que ceux qui arrivent à atteintdre un grade pareil, ont plus d'ambition d'affection pour un subalterne.
J'ai donc pris mes distances me concentrant sur mon travail.
Puis j'ai cherché à tout prix un dialogue qu'elle fuyait. J'ai cherché un compromis dont elle ne voulait pas.
En fait, je me suis rendue compte qu'elle ne supportait même pas le son de ma voix (alors pourquoi m'appelait-elle pour me faire travailler dans le bureau attenant au sien ?) et je me suis mise à chuchoter à chaque fois que je devais travailler dans le secrétariat et que je devais m'adresser à une collègue.


J'ai voulu faire preuve d'humour. C'est absolument à déconseiller.

Cela prouve que vous êtes intelligent et vous êtes vécu par votre harceleur comme une menace ! En plus, les harceleurs n'ont aucun sens de l'humour, ils pensent que vous vous moquez d'eux.
Je pense qu'en tant que victime, il faut se dire que nous on a le sens de l'humour, on le sait, on sait qu'on est intelligent, mais il ne faut pas le montrer surtout devant témoin.
J'ai fait preuve de répondant mais je me suis vite essoufflée car ce n'est pas moi. Je suis quelqu'un de fragile et j'ai horreur des conflits et des mauvaises ambiances. Elle l'a vite compris, elle a surtout senti en moi la faille.

Je n'avais pas confiance en moi, ni en mes compétences, j'avais tout à apprendre et elle, elle savait ce que je ne savais pas. Je me sentais en position d'infériorité par rapport à ça et elle l'a très bien perçu.
Je l'ai souvent regardé dans les yeux et je lui ai prouvé qu'elle ne m'impressionnait pas. Mais c'est à déconseillé aussi. L'érotisme se mêle à cette relation de regards à regards… Une liaison se crée insidieuse et le harceleur ne peut plus se passer de cet échange. Plus vous avez du répondant et relever la tête plus le harceleur vous vit comme une menace à abattre car il voudrait être vous ou s'accaparer de ce que vous avez comme trait de personnalité, votre convivialité, votre facilité à avoir des échanges, des dialogues avec les autres, votre aura en quelque sorte. Le harceleur vous aime et vous déteste.
Un ami m'a dit qu'il sentait poindre dans son regard vers moi (surtout lorsque je ne la regardais pas) de l'admiration.
Plus vous regardez votre harceleur dans les yeux, plus il cherchera l'affrontement qui l'excite au plus haut point !
Il veut savoir jusqu'où vous pouvez donner le change.
Je suis par contre toujours rester maîtresse de mes nerfs devant elle ce qui a fait dire à mon proviseur que lorsque je craquais, je jouais la comédie !
Je suis restée froide à ces attaques sauf quand ses décisions avaient des conséquences sur mes enfants. C'était mon point faible, elle le savait. C'était aussi mon point fort, car pour eux, je me suis battue jusqu'au bout.
Mais je suppose que j'ai dû lui montrer sans le vouloir une attitude de panique qui lui permettait de faire preuve de grandes mansuétudes : "bon ! allez-y ! " Je suppose qu'elle aurait aimé que je la supplie…
Il faut donc toujours rester maître de ses nerfs, surtout quand il y a des témoins et si vous avez envie de lui dire des injures, je vou
s le déconseille car vous entrez dans le jeu qu'elle connaît bien. Elle veut vous entraîner dans la perversité, dans les choses négatives car comme le harceleur ne peut acquérir les traits de personnalités positifs qu'elle voudrait avoir sans succès et que vous possédez, vous voir tomber dans la déchéance ne peut que la confortez dans son opinion : vous ne valez pas mieux qu'elle ! pire !
Ne vous abaissez pas à son niveau ! Restez toujours froid, calme, correct, poli, distant et déterminé. Cela demande beaucoup de courage et d'énergie !
Si vous ne pouvez vous empêcher de vous défouler sur votre harceleur, faites attention aux témoins… et puis à moins que vous lui laissiez voir une lueur meurtrière dans vos yeux qui pourraient la freiner un certain temps... mais le harceleur peut porter plainte et demander la protection de son supérieur hiérarchique et là, vous êtes mal, même si c'est sa parole contre vôtre !
Il faut toujours être documenté sur ses droits car le harceleur risque de vous sortir un texte dépassé mais si vous ne le savez pas, il risque de vous impressionner. Donc l'outil internet sert à ça, et les délégués syndicats aussi. Pour ma part, j'avais accès au centre de documentation et j'y ai passé pas mal de temps !
Lorsque je venais plaider quelque chose auprès du proviseur, je venais avec la copie du texte.
J'ai adopté une attitude de repli. J'ai fait comme si j'avais disparu du paysage. Je me suis mise à l'éviter, à éviter tout le service intendance, demander à des collègues de servir d'intermédiaire si nécessaire. Je me suis planquée niant ma propre existence et utilité dans l'établissement. J'avais peur et j'avais peur d'avoir peur. Je vivais dans l'angoisse de la rencontrer car cela me demandait de l'énergie que de cacher ma peur et de lui faire face. Et puis je me disais que si elle ne me voyait pas, elle pourrait peut-être m'oublier.. du moins un certain temps !

Erreur, elle ne m'a jamais oubliée et alors que je suis partie depuis 6 mois, elle continue à m'écrire ! Elle a enlevé depuis très longtemps mon dossier administratif du secrétariat du personnel pour le mettre sous clé dans un tiroir de son bureau.

Comment va-t-elle faire lorsqu'elle devra se résoudre à opérer le transfert dans mon nouvel établissement ? La secrétaire se pose la question et suppose qu'elle fera des photocopies !
Je me suis donc cachée et je me suis effacée par rapport à elle, faisant preuve d'une extrême politesse, d'un total respect comme un esclave pour son maître !


J'ai commis l'erreur de vouloir m'occuper l'esprit. Je n'avais pas grand chose à faire, je n'avais pas les moyens matériels pour effectuer la seule tâche qu'elle me demandait. J'aurais dû amener des livres et prendre plaisir à être oisif ! Mais je me sentais trop coupable. Je suis allée demander du travail dans les autres services, devenant l'assistante de la CPE, de l'assistante sociale, du proviseur-adjoint.

Croyez-vous que ces gens-là qui n'hésitaient pas à me féliciter pour la qualité de mon travail m'ont aidée quand j'ai eu besoin d'eux ?

Non !

Je leur faisais de l'ombre ! Donc cette attitude est à déconseiller car vous n'êtes pas noté là-dessus, en hauts lieux, on ne vous juge pas sur la qualité de ce travail mais vos relations avec votre chef !
Vous pouvez être incompétent, incapable, si vous ne faites pas de vague et rester souriant…vous ne serez pas embêté par la direction !
J'ai même essayé l'indifférence la plus totale mais elle était feinte puisqu'elle voyait bien à quel point je la méprisais. Même si dans mes gestes ou attitude je me suis débrouillais pour qu'elle soit la seule à pouvoir s'en rendre compte.
Elle me tendait la main pour me saluer, je lui tendais la mienne. Mais je continuais à marcher en la croisant, je regardais ailleurs et au moment où elle prenait ma main pour la serrer, je lâchai la mienne. Elle devenait morte ! Et je traçais mon chemin. Comme elle a dû être vexée ! Rien n'y fit, elle s'évertua tous les jours à vouloir me serrer la main quand elle me croisait.
E fait voici l'attitude à adopter mais je l'ai compris trop tard et surtout parce que j'ai enfin réussi à prendre du recul par rapport à tout ça.

Cessez de culpabiliser, ça ne sert à rien, qu'à vous détruire. Vous n'y êtes pour rien ! Quoi que vous fassiez, le harceleur vous tient, il ne vous lâchera pas comme ça !
N'essayez surtout pas de la comprendre ! C'est stérile et vous allez vous faire du mal plus qu'autre chose. Il n'y a rien à comprendre si ce n'est que vous avez affaire à un malade qui ne le sait pas et qui refuse de l'admettre et de se faire soigner. C'est vous qu'on finira par soigner…
Il faut parler à ce type de personnalité comme à une fonction et non comme à un être humain. On ne s'attache pas à une fonction. On ne l'aime ni ne le déteste.
C'est donc une fonction, malade certes mais une fonction. Elle dysfonctionne. Vous vous en rendez compte mais ce n'est pas à vous d'être le remède ni à l'apporter, ce n'est pas votre rôle. Vous devez avant tout vous protéger.
Je vous conseille de toujours obéir à ses ordres incohérents (faire et défaire) de ne pas vous investir dans votre travail, lui faire part de vos problèmes avec neutralité et par écrit si vous voyez que le harceleur veut vous prendre en faute. Gardez toujours un double de vos écrits. Dites et écrivez toujours que vous acceptez ce qu'on exige de vous, ne refusez rien mais mettez y les conditions.


"J'ai pris connaissance de mes nouvelles tâches que je vais m'efforcer de mener à bien avec conscience professionnelle et rigueur. Je vous rappelle cependant que mon poste a besoin pour accomplir cette tâche de tels logiciels ou …."


Vous devez parler en tant que fonction ou poste ou service et non pas en tant que MOI ou JE.

Dites vous bien que la valeur professionnelle que votre harceleur vous donne n'a rien à voir avec votre réelle valeur personnelle. Ne confondez pas les deux. Si vous êtes victime de harcèlement moral c'est que vous êtes certainement plein de bonne volonté et que vous avez une grande conscience professionnelle. Sinon, vous vous en moqueriez et il ne pourrait pas vous atteindre, donc vous harceler.


Le procès

J'ai pris une assurance de protection juridique comme cela m'a été conseillé mais il faut compter deux mois de délai de carence et le conflit ne doit pas être né avec la fin de ces deux mois. Pour le harcèlement moral, dans la mesure où j'ai déjà envoyé du courrier en recommandé pour demander la révision de mes notes et appréciations… c'est trop tard.
Par contre, comme mon médecin a demandé que mon accident soit reconnu comme accident de travail, et que le recteur n'a répondu par la négative que deux mois après, mon assurance de protection juridique va prendre en charge le procès au tribunal administratif. Je ne saurais trop que conseiller à tous de prendre une telle assurance.

espoir

J'ai mis plus d'un mois pour rédiger mon mémoire (requête introductive d'instance) et le déposer au tribunal administratif avec les 623 pièces toutes paginées qui l'accompagnent. C'est long et je n'ai toujours pas de nouvelles.
Je garde espoir.

(mai 2002)

 

 


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