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L'affectif au travail

J'entends souvent dire que lors d'une audience, l'avocat de la partie adverse soutient que le salarié n'a pas été harcelé mais souffre en fait d'un trouble affectif, d'un problème psychologique qui explique un trop fort investissement affectif au travail de la part de ce dernier.

Qu'en est-il exactement ?

L'investissement affectif est-il "normal" ?

Je vous répondrai que oui jusqu'à un certain point. Il est normal de s'investir dans son travail et de vouloir travailler dans de bonnes conditions, dans une bonne ambiance et de vouloir entretenir de bonnes relations avec les collègues.

Là où ça devient "pathologique" c'est lorsque ce besoin est excessif et que la personne attend de son travail tout ce qu'elle n'a pas dans sa vie. C'est-à-dire que sa vie se résume à son travail et qu'en dehors du travail, c'est le désert affectif qui règne. Mais c'est rarement le cas des victimes de harcèlement moral qui attendent certes une (re)valorisation par le travail de leur personne mais ont souvent une vie privée et affective assez riche, contrairement au harceleur !

Je vous livre l'avis d'un psy :

vers le site de psychologie.com



© DR
L'affectif au travail




Hélène Vecchiali répond :

Hélène Vecchiali a longtemps exercé comme psychanalyste avant de devenir coach en entreprise. Elle considère aujourd'hui que la séparation entre le monde du travail et la vie privée est de plus en plus perméable, et que l'affectif est partout.

1) L'affectif parasite-t-il les relations professionnelles ?

L'affectif ne parasite pas plus les relations au travail que les relations dans son club de sport ou avec son boucher ou dans la famille. Heureusement, on ne peut s'en affranchir et l'accepter permet par la méthode des essais, des erreurs et des prises de conscience, de progresser afin de trouver la bonne distance entre soi et les autres.

2) Pourquoi ce besoin de toujours être apprécié ?

Il est humain de désirer être appréciée par les gens qui nous entourent. Cependant, si ce besoin devient omniprésent, il faudrait essayer de repérer s'il ne s'agirait pas d'une quête d'un amour paternel et d'un amour maternel. La question dépassera alors le cadre de l'activité professionnelle. Et même si cela n'a rien de pathologique, il vaudrait alors mieux en discuter avec un thérapeute pour se libérer de ces attentes.

3) Comment pallier un manque de confiance en soi ?

Il est tout à fait légitime de manquer de confiance en soi, surtout quand on démarre dans une carrière professionnelle. Cependant, lorsque les réactions deviennent trop intenses, il serait opportun d'en chercher les raisons "souterraines" : recherchez-vous à être parfait, trop parfait ? Attendez-vous que des autres qu'ils soient aussi parfaits ? Prenez-vous le temps de faire développer les critiques qui vous sont adressées ? Etc... La perfection et la volonté de tout maîtriser augmentent souvent les difficultés relationnelles. En prendre conscience est déjà un début de résolution du problème.

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