Le Placard
"Le placard", qu'est-ce-que c'est ?
C'est d'abord un synonyme, non pas de solitude encore que, mais d'isolement.
L'isolement n'est jamais volontaire dans ce cas-là mais imposé par la hiérarchie soit de manière physique (géographique) soit mental.
Le placard est une des formes du harcèlement moral, et elle est très destructrice sauf dans de rares cas.
Je me souviens d'une personne qui attendait dans une salle d'attente d'un psychothérapeute (???) et qui m'avouait avoir vécu une placardisation pendant 5 ans à la mairie de Mlle. Elle m'a déclaré l'avoir bien vécue. Elle faisait acte de présence tous les matins puis elle partait toute la journée faire les magasins, les courses...
C'est un cas rare et elle n'avait aucune ambition. Elle s'est contentée d'attendre un changement politique.
Le placard peut être géographique.
Cela signifie que vous "videz" les lieux. On vous enlève de votre bureau et on vous déplace à un autre endroit loin des autres, de vos collègues et de votre hiérarchie.
Mais pour autant on ne vous oublie pas. On ne vous donne rien à faire ou des choses sans importance, sans intérêt (dévalorisantes par rapport à votre grade et parce qu'elles sont données à titre exclusive : classement, de l'archivage, des photocopies, du déliassage...) et sans aucun rapport avec votre grade ou votre expérience. Et si possible le peu qu'on vous demande de faire, on vous le demande devant des personnes inférieures hiérarchiquement à qui on a confié vos tâches valorisantes.
C'est l'humiliation qui commence et elle est publique.
On peut aussi vous donner du travail à faire mais en ne vous communiquant aucun moyen d'information ou de formation pour le faire. On peut, par exemple, vous confier la tâche d'informatiser les inventaires de la société mais votre ordinateur n'est pas compatible avec le logiciel, l'imprimante est hors service, on vous refuse une formation ou alors on vous la promet mais vous ne la voyez jamais venir. Pour autant, le harceleur vous reprochera soit vos erreurs soit votre inaction.
Vous êtes isolée donc vous n'avez plus aucun contact avec vos collègues, la clientèle ou les usagers. Tout le travail relationnel qui vous passionnait vous a été enlevé pour être donné à quelqu'un d'autre proche du harceleur.
Il ne s'agit pas d'un choix dicté par une raison économique.
Il est possible aussi qu'on vous remplace et qu'à votre retour de congé (congés annuels ou congés de maladie), vous trouviez quelqu'un d'autre à votre place.
Disparaître
Vous n'avez plus de bureau, plus de chaise et vous êtes obligé d'emprunter le bureau, l'ordinateur ou le téléphone de vos collègues quand ils sont absents... cela s'appelle du déni. On vous fait croire que vous n'existez plus. On veut que vous disparaissiez.
C'est une situation très humiliante, pire que si le harceleur vous insultiez de vive voix. Car dans ce cas de figure, nous avons affaire à des insultes non-dites. Et il est difficile de réagir face à une telle négation de soi.
Il y a aussi le placard mental.
J'ai connu des personnes qui n'avaient pas été changé de bureau et qui avaient conservé leur place. Mais les collègues ne vous parlent plus, ne vous disent plus bonjour et réagissent comme si vous n'existiez pas.
Souvent ils ont reçu des menaces et ne doivent pas vous parler. C'est de l'isolement mental. C'est guère mieux, sans doute pire. Vous êtes désormais vraiment seul face à votre harceleur car vous ne pouvez compter sur personne ni pour vous aider, ni pour vous soutenir, ni pour témoigner.
Une constance dans les deux cas, c'est
* la souffrance,
* la honte et
* le sentiment de culpabilité.
Le salarié ne trouve pas de sens à ce qui lui arrive et il continue à percevoir un salaire qu'il n'arrive pas à justifier. Alors il attend honteux, avec la peur au ventre, de savoir ce qu'on lui prépare de pire.
La plupart du temps, il cherche du travail, il en invente, propose son aide aux collègues... il donne le change pour ne pas être marqué au fer rouge.
Le placard est vécu comme un drame personnel.
Le placardisé c'est quelqu'un qui "dérange"
involontairement le harceleur parce qu'il brille - alors que le harceleur
est terne ou croit l'être - par sa personnalité, par son
aura, par ses compétences, ses diplômes, son intelligence de
coeur... Il peut aussi s'agir d'un fonctionnaire d'une collectivité
territoriale (mairie) qui se retrouve placardisé lors d'un changement
politique.
Il peut être aussi en surnombre à cause de difficulté
économique et qu'un licenciement coûte plus cher qu'une démission.
Le harceleur espère ainsi à défaut de le détruire réellement ou de le faire disparaître, le briser publiquement et définitivement.
Il y a quelquefois, les deux sortes de placard.
La Licorne a vécu le placard géographique. Pas de chance : son bureau est devenu un havre de paix pour tout le personnel qui montait régulièrement la voir, prendre un thé, manger un gâteau, ou juste discuter à l'abri des autres. Cependant, ça n'a pas duré : le placard a été remplacé par une autre torture...
Je déconseille de démissionner sauf si vous êtes arrivé à vous "vendre" dans une autre entreprise et pour un meilleur salaire et considération... ce cas arrive rarement.
Le placardisé n'est pas responsable de son placardisation.
N'attendez pas des excuses de votre employeur non plus. La plupart du temps, il ne sait pas quoi faire et dans l'administration, c'est une "vieille" gestion courante...
Le placardisé peut demander sa mutation
s'il est fonctionnaire dans une autre service ou dans un autre établissement
Il peut demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail
au motif que lemployeur na pas exécuté sa partie
du contrat de bonne foi mais il faut pouvoir prouver le harcèlement
et rien ne certifie que vous allez gagner votre procès, percevoir des
dommages et intérêts importants. Le mieux c'est de négocier
un départ ou une mutation....
Il faut toujours "tracer" ce qui vous arrive si vous voulez prouver le harcèlement moral et demander par écrit - en garder un double - des explications sur vos nouvelles conditions de travail.
Je pense qu'il faut essayer de faire d'un mal un bien. Je connais un exemple. Un collègue placardisé dans un rectorat. Il en profite pour se connecter sur internet ou lire tous les magazines qu'il peut pour se tenir informer. Celui qui a le savoir (l'information) a le pouvoir. Il n'a aucune honte par rapport à ce qu'il vit et apporte énormément d'informations aux personnes qu'il aide et à son syndicat. Le placardisé peut aussi en "profiter" s'il n'est pas encore trop atteint pour suivre une formation à distance (à partir de lecture) et réussir un concours ou autre...
livres sur le sujet
Qui sont les placardisés ? Quel intérêt
pour un employeur de garder un salarié quil rend volontairement
improductif plutôt que de le licencier ? Comment sortir de cette relégation
sociale ?
DOMINIQUE LHUILLIER : " Placardisés,
des exclus dans l'entreprise
" Édition du Seuil, Paris, 2002
Sites sur les placardisés
pour s'en sortir
http://www.cite.org/placards/que_faire.htm
divers
http://www.sciences-et-avenir.com/decouvrir/page98.html
http://www.tf1.fr/news/economie/0,,953215-e30ge30=,00.html
http://www.cite.org/placards/index.htm
http://www.tf1.fr/news/economie/0,,953519,00.html
http://www.admiroutes.asso.fr/action/bb/placard.htm
associations
Parce quil faut le "DIRE "
Créée en 2000 par Joël Le Jeannic, syndicaliste chez Air France, lassociation DIRE a une double mission : aller à la rencontre des acteurs sociaux des entreprises pour les sensibiliser au problème de la placardisation et à ses conséquences, accueillir les victimes de cette relégation sociale et les aider dans leurs démarches. "Quand les victimes nous appellent à la permanence téléphonique, elles sont souvent à vif, coupées du monde, brisées", explique-t-il. Outre cette permanence, lassociation organise tous les 15 jours une réunion de groupe, basée sur le même principe que les Alcooliques anonymes. "Notre enjeu est darriver de la sorte à leur réapprendre à vivre collectivement, à refonctionner socialement". En deux ans, une centaine de personnes ont fait appel à lassociation.
DIRE, 8 rue Cannebière Paris 12 (01
43 07 79 72)
Témoignages
Au début de ma carrière, je me
suis retrouvé en conflit avec un collegue et j'ai été
mis au placard. Cela m'a conduit à me remettre en cause et je suis
rapidement parti pour redecoller ailleurs. Je considère mon départ
comme une opportunite et je pense qu'en cas de problème de ce genre,
mieux vaut partir. Il faut se dire surtout : "ce n'est pas perdre que
de partir" Car c'est notre choix, c'est nous qui décidons, nous
sommes acteurs. Mais il faut avoir la possibilité de le faire et surtout
ne pas attendre d'être profondément atteint et de douter de soi
car là, c'est presque une fin.
Frédéric
Quelques réflexions
* SAVOIR DIRE NON
http://www.lexpress.fr/Emploi/Trouver/Conseils/Dossier/non/dossier.asp
(extraits...) "Pourtant, l'idée que l'obéissance aveugle est non seulement ringarde, mais aussi contre-productive est bel et bien en train de gagner du terrain dans les secteurs les plus dynamiques de l'économie. N'obéissez plus!, c'est même le titre d'un très sérieux ouvrage de management que publie, ce mois-ci, le psychiatre Eric Albert, spécialiste du stress professionnel (voir l'article ). «Les employeurs ont désormais besoin de personnel capable de prendre des initiatives. Cela suppose que ces gens soient un peu rebelles», confirme Jean-Louis Muller, directeur de la division management de la société de conseil et de formation Cegos. Dans certaines firmes, il est même de bon ton de pratiquer de temps en temps ce qu'il appelle la «rébellion stratégique», en allant dire à son supérieur: «Je vais te dire quelque chose qui ne va pas te plaire, mais c'est pour le bien de l'entreprise.»
Claudine Catry, consultante, et Jean-Louis Muller, son collègue, détaillent toutes sortes de situations quotidiennes dans lesquelles il est utile de savoir dire non. Exemple: vous êtes en entretien avec un client. Votre directeur vous appelle au téléphone, en vous demandant de venir le voir sur-le-champ. Si vous n'osez pas dire non, que va-t-il se passer? Vous allez vous excuser, revenir stressé dix minutes plus tard, et finir par faire des concessions commerciales indues à ce client que vous vous sentirez coupable d'avoir abandonné. Dans ce cas, la bonne attitude consiste au contraire à répondre à son patron: «Je suis avec un client, j'ai ensuite un autre rendez-vous. J'ai un créneau à 18 heures, est-ce que cela vous convient?» C'est comme ça que l'on gagne le respect, pas en se comportant tel un chien que l'on siffle."
http://www.drhactu.com/editorial/editorial34.html
(extraits) "Mais désobéir peut aussi apparaître comme une marque d'affirmation de soi, en particulier face à un supérieur qui abuse de son autorité, une manière de faire valoir sa position déontologique face à des pratiques économiques douteuses, une façon salutaire de prendre le large face à un management ou une ambiance de travail difficiles, une question de survie mentale face à une surcharge de travail jugée intolérable (vive les 35 heures ?!) et même une valeur ajoutée quand le "non" s'accompagne de contre-propositions constructives. "
ATTENTION :
Le "non" peut conduire
* soit au respect de la personne qui a dit "non" mais qui a apporté des arguments positifs pour la société ou l'administration, ou
* au licenciement....
Il est donc à double tranchants !