Circulaire du 24 janvier 1983 relative à légalité entre les femmes et les hommes et à la mixité dans la fonction publique
http://www.dsi.cnrs.fr/RMLR/textesintegraux/volume5/5231-cirdu24-01-1983.htm
Fonction publique et réformes administratives ; Droits de la femme - JO du 23 février 1983
Texte adressé aux ministres et secrétaires dÉtat.
La loi du 7 mai 1982 affirme le principe de légal accès des hommes et des femmes aux emplois publics et fait obligation au Gouvernement de rendre compte tous les deux ans devant le Parlement des mesures prises en vue de garantir à tous les niveaux de la hiérarchie le respect de ce principe.
Les statistiques disponibles sur les personnels de lÉtat font apparaître dévidentes disparités dans la répartition des deux sexes au sein des corps de fonctionnaires selon leur niveau et le type de qualification requis. Il est donc nécessaire de promouvoir sur le plan du recrutement, de la formation et de la promotion des actions visant à résorber ces disparités.
I. Recrutement
a) Libellé des emplois.
Le souci de promouvoir légalité entre les femmes et les hommes ne conduit pas à déroger au principe du recrutement par concours. Toutefois, il importe que ladministration ne décourage pas les candidates potentielles par limage quelle donne delle-même.
Le libellé des avis de concours, comme celui des appels de candidatures pour pourvoir des vacances de postes, devra être rédigé de telle sorte que femmes et hommes puissent, sans ambiguïté, se sentir également concernés par ces avis ou appels.
Dans ce but, on fera figurer, à côté de la dénomination masculine, la dénomination féminine de lemploi en cause lorsque les usages de la langue ne le permettront pas, la formule "femmes et hommes" devra suivre lappellation dans tous les cas, lordre alphabétique sera suivi (femmes et hommes, infirmier et infirmière, etc.).
Ces publications devront être accompagnées dune description des tâches à assumer et des conditions de travail. Cette description devra éviter de laisser supposer que lemploi ne puisse être tenu que par une femme ou un homme.
b) Mixité des jurys.
La présence des deux sexes dans les instances de sélection est de nature à enrichir les critères de choix des candidats par la diversification des points de vue correspondant aux besoins et aux réalités dune société mixte.
Actuellement, la composition des jurys est fortement masculine il vous appartient de solliciter et dencourager la collaboration des femmes qui réunissent les compétences requises pour y participer. Il est à tout le moins nécessaire déviter quun jury soit homogène de lun ou lautre sexe.
II. Formation professionnelle continue
Par le passé les femmes ont moins que les hommes eu accès aux formations techniques ou aux formations de niveau élevé. Si, parmi les jeunes générations, un plus grand nombre de femmes parvient à un niveau détudes supérieures, elles demeurent peu nombreuses dans les filières techniques. Ces inégalités sont dautant plus difficiles à surmonter quune répartition des tâches familiales héritée du passé conduit souvent encore à une surcharge de travail des femmes. Cette situation les désavantage dans lacquisition des connaissances requises pour tenir des emplois appartenant à des catégories plus élevées ou dont la technicité saccroît.
Des mesures dans le domaine de la formation sont nécessaires pour compenser ces désavantages.
On donnera priorité aux actions de formation destinées aux corps des catégories C et D, ce qui permettra daméliorer le niveau de qualification des femmes qui sont actuellement majoritaires dans ces corps.
Ces formations devront privilégier lacquisition dune réelle qualification dans les nouvelles technologies de façon à permettre aux agents de ces catégories dacquérir une maîtrise densemble des possibilités des matériels et daccroître ainsi lintérêt de leur travail et leurs chances de promotion.
De façon générale, pour faciliter laccès de ces agents aux actions de formation, il est souhaitable quelles se déroulent le plus près possible des lieux de travail afin déviter dans toute la mesure du possible un allongement de la durée des transports pour les agents en formation.
Lorganisation interministérielle dactions de formation peut permettre de compenser la dispersion de beaucoup de services. Pour la préparation des concours internes, louverture des sessions organisées pour les personnels dune administration aux agents des autres administrations devrait être admise toutes les fois quil sera possible de mettre au point un "tronc commun" de connaissances en vue de ces concours.
En cas de recours à lenseignement par correspondance, il est souhaitable quil soit assorti de séances périodiques daccompagnement pédagogique requérant la présence physique des candidats.
Quelle que soit la formule retenue, on utilisera toutes les facilités prévues par les décrets no 73-563 du 27juin 1973 et no 75-205 du 26mars 1975 concernant lorganisation de ces actions pendant les horaires de service.
Pour ce qui concerne les actions de formation situées en dehors des heures de service, elles devront autant que possible être menées à des heures compatibles avec les impératifs de la vie familiale. A cet égard, lutilisation de la pause méridienne en vue de la formation des agents doit être encouragée dès lors quelle recueille lassentiment des intéressés.
Lors de lexamen du bilan annuel des actions de formation qui figure dans leurs attributions, les comités techniques paritaires peuvent proposer, y compris à titre expérimental, des plans daction en vue de faire progresser légalité entre les sexes.
Enfin, un grand nombre de fonctionnaires féminins ont, au cours de leur carrière, bénéficié, pour des motifs familiaux, des disponibilités prévues aux articles24a et 26 du décret no 59-309 du 14 février 1959. Leur retour dans les cadres, après une absence prolongée, saccompagne dans bien des cas dune inadaptation de leurs connaissances aux tâches quelles doivent à nouveau assumer. Des actions de recyclage pouvant revêtir des formes diverses sont nécessaires au moment de leur réintégration, non seulement pour le bon déroulement de leur carrière à venir mais aussi pour le bon fonctionnement des services.
III. Promotion
Les statistiques montrent que dans tous les corps, même ceux qui sont fortement féminisés, le nombre des femmes accédant à des responsabilités de tout niveau ne correspond pas à leur proportion dans les effectifs.
Une action volontariste doit être poursuivie sans désemparer jusquà la résorption de ces anomalies. Il vous appartient de veiller à ce que les candidatures des femmes qui réunissent les conditions dâge et dancienneté requises par les dispositions statutaires régissant les corps, grades ou emplois de promotion ne soient ni découragées a priori, ni écartées sous le prétexte quune prétendue "nature féminine" ne leur permettrait pas dassurer avec succès les fonctions attachées à ces corps, grades ou emplois, ou que les conditions de la vie familiale leur interdiraient de les assumer dans leur plénitude. De telles candidatures doivent même être sollicitées.
Les mesures préconisées sous la rubrique Recrutement en matière de dénomination des emplois doivent être transposées pour ce qui concerne les grades et emplois de promotion.
Vous veillerez également, dune part, à ce que la représentation de ladministration dans les organismes paritaires consultatifs soit mixte et, dautre part, à ce que les critères de choix retenus pour la promotion des agents soient suffisamment diversifiés pour ouvrir aux femmes une réelle égalité des chances.
En ce qui concerne les emplois de responsabilité qui sont actuellement occupés de façon très majoritaire par des hommes, vous saisirez chaque opportunité pour accroître le nombre de femmes accédant à de tels emplois.
Lensemble de ces dispositions doit faire lobjet de bilans statistiques qui vous permettront den mesurer lefficacité et qui, intégrés aux rapports annuels communiqués aux comités techniques paritaires, permettront à ceux-ci de proposer, le cas échéant, des mesures susceptibles dassurer un meilleur respect du principe dégalité. Ces bilans statistiques feront partie des éléments de base du rapport biannuel que le Gouvernement doit, en vertu de la loi du 7 mai 1982, déposer devant le Parlement.
Si des difficultés particulières dapplication
de la présente instruction apparaissent dans votre ministère,
il vous appartiendra den saisir le ministre de la fonction publique,
sous le timbre de la direction générale de ladministration
et de la fonction publique (bureau FP3), et den informer le ministre
des droits de la femme.